ORDINAIRE 25 A

« Allez, vous aussi, à ma vigne »

(Mat 20, 1-16a)

Jésus parle en paraboles. Comment expliquer, de fait, les réalités spirituelles, la présence divine, le Royaume des cieux ? Il choisit ce style littéraire populaire et parlant, un style compréhensif et accessible à tous. La parabole va droit au but par image, scénario, suggestion. Elle atteint son objectif quand le cœur s’ouvre à la vérité tout en y impliquant l’esprit et la réflexion. Parler des choses cachées ou invisibles n’est pas facile, le suggérer est plus accessible. Ainsi en est-il du Royaume des cieux. Elément essentiel de la prédication de Jésus, le Royaume se réfère à la présence de Dieu dans notre monde mais surtout à la communion trinitaire qui dépasse notre monde. Le Royaume n’est pas un lieu. Il n’est pas comparable aux royaumes terrestres que nous connaissons avec leurs beautés et leurs déboires. Il est  communion et participation. Il est le cœur de Dieu. Il est amour. Y accéder dépend de nous car aimer dépend de nous. Le Christ en est le roi, puissant et victorieux mais « humble et doux de cœur », plein de miséricorde et de compassion. En ce terme ‘Royaume’ se concentrent la volonté de Dieu et son désir de salut, la vérité trinitaire de Dieu et son invitation à la communion. Le Royaume, c’est l’amour partagé et vécu.

  1. 1. Annoncer le Royaume des Cieux.

Jésus insiste dans sa prédication : le Royaume est proche. Même s’il n’est pas de ce monde, il se profile comme une promesse et une espérance. Il s’ouvre comme un cœur aimant et une possibilité de salut. Il se construit dans l’amour et l’accueil de l’autre. Le Royaume est cette présence intérieure qui nous appelle et cette construction extérieure qui nous revient. A nous de l’annoncer à la suite de Jésus.

Annoncer Dieu : dans un monde en perte de vitesse et aveuglé par son matérialisme et son relativisme, il faut annoncer le Dieu Suprême, l’Être, le Créateur. La réalité spirituelle est une constante dans notre vie humaine, on ne peut la renier sans renier notre identité. On voit les ravages d’un monde sans Dieu, sans référence, sans ‘objectivité’, sans amour. Affirmer la présence divine, c’est mieux identifier l’humanité, sa grandeur, sa vocation.

Annoncer le Père : dans un monde soumis aux multiples idées, aux idéologies religieuses et politiques, il faut annoncer le Dieu Père de Jésus-Christ. Voilà l’originalité de l’approche chrétienne : Dieu est Père et son amour est paternel. Il n’est pas l’Être isolé dans le ciel regardant avec mépris ou condescendance l’humanité engluée dans ses problèmes. Il est notre Père, Créateur bon et aimant, qui fait de nous ses enfants par le Christ. Un Dieu Père change toute la perspective religieuse et spirituelle, toutes les relations interpersonnelles, toute la morale et la prière.

Annoncer l’œuvre du Fils : dans un monde perdu dans son péché et son aveuglement, il nous faut annoncer le Fils mort et ressuscité. Dieu s’incarne pour notre salut et notre divinisation. Il marche avec nous sur les chemins de la vie. Le Fils meurt pour nous sauver et nous pardonner. Il ressuscite pour nous ouvrir le Ciel et la communion. Non pas simple prophète ou quelconque maître spirituel, le Christ est le Fils de Dieu reconnu en tant que tel au matin de Pâques. La divinité du Christ nous transforme puisqu’il est aussi homme. De l’intérieur, nous sommes transfigurés et bénis pour « voir » le Père et vivre de l’amour trinitaire pour l’éternité.

Annoncer l’action de l’Esprit : dans un monde influencé par les esprits mauvais et le mauvais esprit, par des choix mortifères, il nous faut annoncer l’Esprit d’amour du Père et du Fils. L’Esprit est le moteur de notre vie, l’énergie qui alimente notre spiritualité, notre lumière dans la nuit du choix. Il est Dieu et donc son souffle est divin et vivifiant. C’est lui qui prie en nous, qui éclaire nos pas, qui réchauffe nos cœurs, qui unit les impossibles, qui aime d’un amour pur et désintéressé. Il est signe de communion et d’unité pour notre bonheur et notre joie.

Annoncer l’amour trinitaire : dans un monde confus, écartelé ou fanatisé, il nous faut annoncer la Trinité Sainte, Dieu de Jésus-Christ, Lumière des nations, Beauté suprême et Amour. C’est le cœur de la foi chrétienne, la Vérité révélée et la joie des cœurs en quête de communion. Dieu unique et trine. Unique parce que trine. Trinité parce que Un. Rien à redire de notre monothéisme mais enthousiasme d’un monothéisme original et profond, compréhensible et dynamique. Le Royaume, c’est la communion trinitaire, sans quoi on restera dans des images désuètes de paradis perdu ou des illusions sensuelles de fantasmes matérialistes.

L’annonce du Royaume est un impératif. Dieu est présent, parmi nous. Dieu envoie son Fils. Dieu nous donne son Esprit. Dieu est Père. Père, Fils et Esprit, Dieu Un, Trinité d’amour qui nous accueille dans la communion éternelle

  1. 2. Tous accueillis dans le Royaume.

La parabole des ouvriers de la dernière heure nous indique l’accueil sans condition de tout homme qui soudain se convertit et se tourne vers Dieu. Il n’est jamais trop tard pour accueillir la grâce. Chaque instant est un temps de grâce que nous accompagnons de notre prière. L’Église se réjouit du retour de ses enfants ou de l’entrée en son sein des nouveaux venus. Il y a de la place dans le cœur de Dieu comme il y a de la place pour tous en Église.

Il n’est jamais trop tard : qu’on soit chrétien de la première heure par tradition, conviction ou conversion ou chrétien de la dernière heure par réflexion, déduction ou conversion, nous sommes tous les bienvenus dans le Royaume des cieux. Personne n’est trop loin pour Dieu. Le temps fait son effet et les expériences de la vie nous forment. L’amour se découvre à tout instant.

Il est toujours temps : connaître le Christ et l’aimer c’est connaître le Père et recevoir l’Esprit. Joie de le connaître dès notre enfance, de l’aimer durant notre adolescence, de le côtoyer toute notre vie : bonheur d’être avec lui depuis toujours. Joie de la connaître sur le tard, de le rencontrer à la vieillesse, de le découvrir aux moments joyeux ou difficiles de la vie : bonheur d’être enfin avec lui avec ce pincement au cœur de l’avoir rencontré bien tard. Mais les bras du Père s’ouvrent pour tous à tout instant car l’amour est de tout instant.

  1. 3. Conclusion : l’amour qui nous presse.

Jésus nous invite dans son Royaume de justice et de paix. L’amour est son étendard. Le Royaume, c’est Dieu qui se donne.

Jésus nous invite à la proclamation du Royaume dans lequel la vérité est vécue et la communion partagée.

Jésus nous invite à la conversion car le Royaume est pour tous quand l’amour est accepté.

Père Francis

 

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