ORDINAIRE 33 A

« Entre dans la joie de ton maître »

(Mat 25, 14-30)

Jésus nous explique la réalité du Royaume des Cieux par l’utilisation de la parabole. Il semble aussi identifier ce Royaume ou sa présence par sa venue ou son retour à la fin des temps. Est-ce à dire que le retour du Christ signera la fin de notre monde pour inaugurer le monde nouveau ? Ce monde nouveau a été inauguré à la Résurrection. C’est dire que le Royaume sera évident, plein et entier, entièrement révélé et dévoilé quand le Sauveur apparaitra en sa gloire, ressuscitant les morts et accueillant les vivants pour partager son Règne. Notre destinée est bien le Royaume des Cieux et ce Royaume est le Cœur même de la Trinité Sainte. Si la Résurrection du Christ a bouleversé l’univers et l’a mis en lien directe avec le Père, cet univers reluira des feux de la divinité. Si la Résurrection a transfiguré l’humanité, l’homme recevra sa pleine carrure. Nous espérons l’établissement du Royaume de Dieu en toute sa plénitude mais nous le partageons déjà par notre vie de communion dans l’amour. En effet, c’est l’amour qui fait advenir le Royaume car l’amour alors rencontre l’Amour pour un partage éternel. Notre vie quotidienne, loin d’être banal et sans intérêt, est le lieu de la rencontre, de l’expérience, de la vérité. Le Royaume s’y établit et grandit.

  1. 1. Le Royaume grandit en nos cœurs.

Jésus ne nous retire pas du monde concret ni de la vie quotidienne. Au contraire, il nous invite à y rencontrer le Père et les autres. Le prochain est un chemin vers Dieu. Construire un monde juste et fraternel, loin d’être utopique, est l’anticipation du Royaume à venir, comme notre communion aujourd’hui est un avant-goût des réalités célestes.  Nous sommes invités à bâtir, à modeler, à transformer notre monde afin qu’il s’approche le plus possible du monde de Dieu. La Cité de Dieu s’établit ici d’abord avant de resplendir dans l’au-delà. Le « Jérusalem Céleste » est un guide car elle est bâtie sur les Apôtres et l’Agneau en est le Roi.

Grandir dans la conscience de la présence divine : ne vivons pas dans l’illusion du ciel mais croyons à la présence du Ciel, celui de la rencontre trinitaire. Par création, le monde dépend de Dieu. Par recréation, le monde obtient pardon et nouveauté. Nous sommes nés à nouveau dans le monde divin par notre baptême et nous y goûtons chaque jour par les sacrements. L’Église est le signe du Royaume en construction mais surtout de la présence divine car elle est le Corps du Christ et le Temple de l’Esprit. Dieu est présent, là au cœur de nos vies et de nos réalités, dans la beauté et dans la misère, dans nos églises et dans nos prisons. Qui nous séparera de son amour ? Qui nous fera perdre espérance en sa présence et action ? Qui nous arrachera la foi malgré la douleur et la souffrance qui nous atteignent ? La Bonne Nouvelle, c’est cette Présence aimante et dynamique que le Christ a inauguré par son Incarnation. Ouvrons les yeux pour voir les signes de cette Présence !

Grandir par le partage des talents et dons : ne vivons pas avec un sentiment d’abandon mais avec la joie de l’adoption filiale. Dieu nous a créés par amour et recréés dans l’amour, il nous donne son Esprit Sant pour le trouver et l’aimer. L’Esprit agit en nous et nous approche du Père par le Cœur Sacré de Jésus le Fils. Les 7 dons de l’Esprit reçus à la confirmation nous aident à grandir et à acquérir notre stature de chrétien. L’Esprit nous donne d’autres dons pour la construction de l’Église et le bien des frères et sœurs. Ces dons participent à la venue du Royaume. A nous de les découvrir et de les mettre au service des autres. Jésus parle de « talents » qu’il confie à chacun « selon ses capacités ». Ne regardons pas celui des autres mais découvrons ces talents présents en nos cœurs, en nos mains pour le bien de tous. N’enfermons pas la grâce de Dieu qui jaillit de nos cœurs et n’enfermons pas les dons de Dieu dans une prison égoïste ou apeurée. La Bonne Nouvelle, ce sont ces talents qui brillent et qui appellent le Royaume, dons de l’Esprit pour enraciner l’Église de la Pentecôte en son Seigneur.

Grandir par la construction harmonieuse : ne vivons pas dans le rêve d’une Église uniforme ou d’un monde sans différence. Tous appelés à la foi unique, à la profession de foi évangélique, à l’amour de Dieu mais dans le respect des différences et des cultures, des rites et des approches. Ainsi que la Trinité est une dans la différence des Personnes Divines, notre Église est une dans la catholicité des nations. Cela n’empêche pas l’harmonie et le respect, l’unité et le partage. En préservant l’unité, nous préservons le Corps du Christ, en nous aimant les uns les autres, nous communions à l’amour unique trinitaire. Si le Royaume est Présence de Dieu parmi nous, si cette Présence est le fait du Christ incarné, mort et ressuscité, si cette Présence est aimante et dynamique, d’autant plus nous devons proclamer cette Présence, confesser le Christ mort et ressuscité et aimer comme il nous l’a demandé. La Bonne Nouvelle est alors proclamée et vécue.

Le Christ donne des talents à chacun pour construire son Royaume jusqu’à ce qu’il vienne. L’Église est le lieu de cette vitalité tout en dynamisant le monde pour qu’il se rapproche le plus possible de la Volonté divine.

  1. 2. Le Royaume grandit par notre amour.

Personne n’est loin du Royaume de Dieu car la Présence divine touche chacun d’entre nous. Même le pécheur est en recherche d’amour et tente, mais bien mal, d’aimer. Le non-croyant est en attente de la Parole car en lui sont les traces de la vérité et les appels de l’Esprit. C’est l’amour qui nous rapproche le plus de Dieu et chacun peut aimer.

Royaume de Dieu : nous le savons, Dieu nous veut avec lui. Il a créé par amour et a envoyé son Fils par amour afin de revenir à lui. La Passion du Fils nous a montré tant la cruauté humaine que l’amour insondable du Père. Les bras ouverts du Fils en Croix sont le signe le plus grand d’un amour immense plein de miséricorde et de compassion, un amour éternel qui se partage. Le Royaume, s’il est déjà parmi nous, nous ouvre les bras pour la communion.

Royaume d’amour : notre Dieu est Trinité et la Trinité n’est ‘possible’ que si elle est amour. L’évangéliste Jean le découvre à la fin de sa vie après une longue méditation de la vie et mort de Jésus, de sa Résurrection et de sa Présence depuis la Pentecôte (1 Jean 4, 8). « L’amour est de Dieu et quiconque aime est né de Dieu et connaît Dieu… ». Cet amour est possible dès maintenant.

  1. 3. Conclusion : Dieu parmi nous.

Dans les paraboles du Royaume, Jésus nous invite à découvrir une Présence qui se dévoilera le temps voulu mais déjà agissante.

Jésus inaugure le Royaume de Dieu par son Incarnation, sa vie, sa mort et sa Résurrection. Les temps sont mûrs et le Seigneur revient.

Jésus nous invite à aimer car en aimant dès maintenant, nous participons déjà du Royaume.

P. Francis

 

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