SAINTE FAMILLE B

« Car mes yeux ont vu le salut »

(Luc 2, 22-40)

En ce temps de Noël, se présente à nos yeux et à notre réflexion toute une série de personnages qui ont participé de près ou de loin à la naissance du Christ. Dieu a choisi une façon toute humaine de nous rejoindre : son incarnation dans une famille et dans un peuple. Il rejoint l’humanité dans ce qui la fait. La joie de Noël dépasse notre imagination et bouleverse notre raison. Notre intelligence est sollicitée et poussée dans ses limites. Il est difficile de mettre ensemble l’invisible et le visible, l’éternité et le temps, l’infini et l’espace, Dieu et l’humanité. Il y a pourtant rencontre et communion entre ce qui paraît si distant si contradictoire. Dieu ne fait cas de ces limites et nous pousse dans nos retranchements intellectuels et rationnels : il sollicite notre foi devant l’impensable et notre amour devant l’incroyable. Ainsi, la Sainte Famille ! Voici un couple avec enfant qui va exprimer la communion divine, la solidarité familiale, la fécondité spirituelle. Marie et Joseph entourent l’Enfant Jésus de leur amour. Ils vont éduquer l’Auteur de la vie et le Maître de l’univers. Le Fils, vrai Dieu et vrai Homme, va apprendre de l’amour humain pour mieux exprimer l’amour divin. L’amour divin va révéler l’amour humain et lui donner sa pertinence et sa dimension profonde. La grâce de Noël s’illumine encore dans cet admirable échange qui va aboutir à une admirable communion. Le salut est non seulement à portée de main mais il se fait visible à nos yeux ébahis et éblouis.

  1. 1. Une famille sainte et unie.

On aime voir Marie et Joseph entourer le nouveau-né. Le mystère de Bethléem se reflète dans leur cœur et dans leur vie. Leur mission est particulière puisqu’ils accueillent en notre nom le messie et que ce messie, c’est Dieu lui-même. Ils portent l’espérance d’Israël et toute la foi de leurs ancêtres. Ils se projettent dans le futur en accompagnant l’Enfant vers sa mission de salut. Leur vie est bouleversée par tant de merveilles et tant de perspectives. Leurs cœurs, sans tout savoir, s’en remettent à Dieu qui par les mots de l’ange a annoncé sa volonté de salut et de communion.

Marie portait tout dans son cœur : La Vierge devient mère par la grâce de l’Esprit. Alors qu’elle était prête à rejoindre son époux Joseph et qu’ils allaient vivre leur projet de couple, voici que Dieu intervient. Les projets sont bouleversés et la vie de couple s’en trouve affectée. Marie accepte sa vocation nouvelle : vierge elle le restera, mère elle le sera, épouse elle vivra. Elle montrera beaucoup de foi pour suivre cette nouvelle voie et beaucoup d’amour pour vivre cette vocation pour le moins surprenante mais lumineuse. Elle enseignera à l’Enfant Jésus à être un homme et au Fils à accomplir sa mission. Elle donne naissance au Fils mais aussi, à la Pentecôte, elle assistera à la naissance de l’Église. Mère de Dieu, elle devient Mère de l’Église. Mère du Roi de l’univers, elle devient Souveraine de nos cœurs. Marie, la jeune femme de Nazareth, se retrouve au cœur de l’histoire du salut par sa pureté, sa foi et son amour. Sans péché, elle pourra accueillir celui que l’univers ne peut contenir, Celui que nos yeux ne peuvent voir, Celui qui contient tout. Merveille de Noël !

Joseph portait tout sur ses bras : l’époux fait confiance à l’épouse et reconnaît l’intervention de Dieu. Joseph, le juste, a accepté que sa vie de couple soit transformée pour se concentrer sur la venue du Messie. Il sera le gardien des secrets de Dieu et le protecteur du projet divin de salut. Quel homme admirable qui, acceptant la volonté divine, devient le Protecteur de l’Église universelle. Puisqu’il a protégé l’Enfant Jésus, il est capable de protéger le Corps du Christ. Sa figure de père sera un témoignage pour Jésus qui parlera de la paternité divine. Sa figure d’époux sera un autre témoignage pour Jésus qui annoncera la communion comme une union indissoluble des cœurs. Joseph aimait Marie comme son épouse mais ce couple est tout orienté vers le Fils de Dieu. Joseph a supporté la vocation universelle de Marie  avec tout l’amour dont il était capable pour son épouse. Couple bien singulier qui a su se décentrer pour se recentrer sur Dieu en la Personne Divine du Fils, là dans ses bras ! Merveille de Noël !

Jésus portait tout sur ses épaules : l’Enfant Jésus a dû apprendre de ses parents : les simples gestes humains, les préceptes divins, les rites synagogaux. Il a appris de sa Mère les promesses anciennes. Il a appris de Joseph les gestes de la prière d’Israël. Il a appris les Écritures et les a intégrées pour mieux les redonner. Il a compris sa vocation au cœur de sa famille. Il a eu l’exemple de Marie et de Joseph pour parler d’amour. Sa famille humaine lui a insufflé le mystère de la Trinité. Il a pu « grandir et se fortifier, rempli de sagesse et la grâce de Dieu était sur lui » (Luc 2, 40) Toute cette connaissance présente en lui en tant que Fils de Dieu a pu se révéler paisiblement dans la quiétude de la Sainte Famille. Son identité de Fils est alors apparue clairement pour commencer sa mission et marcher vers Jérusalem. De Nazareth, expérience de l’amour, à Jérusalem, révélation suprême de l’amour.

Jésus trouve dans son père adoptif et sa mère les ressources nécessaires pour devenir un homme libre  et les éléments spirituels nécessaires pour se reconnaître Dieu. L’Esprit Saint est à l’œuvre.

  1. 2. Famille, Église domestique.

On peut prendre la Sainte Famille comme exemple pour la vie familiale. Les valeurs véhiculées sont celles de l’Evangile et l’amour y est vécu au plus haut point. Certes la Sainte Famille a une vocation spéciale : elle est toute orientée vers le Fils qui accomplira le salut de l‘humanité. La Vierge Mère partage cette mission. Joseph le Juste accompagne cette mission. Nos familles sont elles-aussi sur le chemin du salut car en elles se vit la communion comme reflet de la communion trinitaire.

Famille, lieu de l’altérité : il est bon aujourd’hui, dans le concert des nations et des idéologies, de rappeler l’importance de l’altérité pour notre croissance humaine et spirituelle. Homme ou femme, nous devenons ce que nous sommes dans la rencontre de l’autre différent. Parents ou enfants, nous nous relions à une lignée qui fait de nous ce que nous sommes aujourd’hui. Reconnaître la différence des sexes et des générations est essentielle à notre stabilité psychoaffective et à notre épanouissement tant sexuel que relationnel et spirituel.

Famille, lieu de liberté : il est bon de rappeler que la famille est le premier lieu de la parole, du langage, de la relation, de l’amour, de la vie spirituelle. En elle, dans un climat sain et saint, chacun s’épanouit dans le respect de sa personne, des autres et de sa position. La fusion ou la confusion ne rend pas libre. Une atmosphère incestueuse, oppressive ou étouffante ne rend pas libre. L’accueil de l’autre est le chemin vers la rencontre et le dialogue. L’accueil de l’Autre est la voie vers la liberté toute entière.

  1. 3. Conclusion : l’amour nous fait grandir.

La Sainte Famille a vécu dans l’amour et ainsi Jésus a pu accomplir sa mission

La famille qui vit d’amour donne à chacun des siens la chance de s’épanouir et de trouver Dieu.

P. Francis

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