ORDINAIRE 13 B

« Jeune fille, lève-toi »

(Marc 5, 21-43)

Il y a beaucoup d’occasions, dans l’Évangile, de connaître Jésus. Ses faits et gestes sont les signes de son identité voilée. Une identité qui se dévoile peu à peu, qui se laisse percevoir et qui interroge. Cette identité n’est pas objet de simple curiosité. Elle est aussi source de salut et de vérité. Salut, car comme Fils, il donne le salut, la rédemption, la vie nouvelle. Vérité car elle nous dit qui est Dieu et qui nous sommes. Il ne s’agit pas simplement de savoir qui est Jésus mais aussi de participer à son œuvre de salut en recevant grâce et bénédiction. Parce qu’il est le Fils, Jésus est notre salut et donc notre espérance et sujet de notre foi dans l’amour. En étant le Fils, Jésus est source de guérison et de révélation qui nous porte au cœur du mystère de Dieu comme Trinité et donc comme communion. En guérissant les malades, Jésus exprime sa maîtrise sur la création et sur ses créatures. En relevant les morts, Jésus montre sa puissance de vie et de réconciliation. Par lui, le monde de Dieu est atteignable et, bien plus, il peut être partagé, recevable, pénétré. Nous sommes ici en présence d’une révélation, l’identité de Jésus, mais aussi du salut, pardon et grâce. Jésus le Fils nous entraîne vers le Père dans l’Esprit Saint pour partager la vie trinitaire.

  1. 1. Le Fils, Maître de la vie.

Comment un homme peut-il être le Maître de la vie ? Mystère bien profond mais compréhensible quand on croit que ce même homme est le Fils de Dieu, vraie expression de l’Être de Dieu et Icône du Père. Homme et Dieu, le Christ est Maître du monde et de la vie. Il est Créateur et Rédempteur. Il est Alpha et Oméga, le commencement et la fin de toute chose. L’univers est entre ses mains. La vie vient de lui car il est la Vie.

Le Fils, Créateur : on attribue habituellement au Père l’œuvre de la Création et au Fils, l’œuvre de la Rédemption. Ne faisant qu’une, c’est toute la Trinité qui est à l’œuvre. Alpha et Oméga, on sait que la Création est entre les mains du Fils qui remet tout au Père. Il est difficile de dire que Jésus est le Créateur car nous comprenons qu’en son Incarnation, toute sa puissance divine est ‘cachée’. Et pourtant, l’homme Jésus est aussi le Fils de Dieu. Sa puissance se révèle dans ses faits et gestes de salut et de restauration. La création est limitée et faible. Elle souffre de la douleur et du péché des hommes. Seul le Créateur peut rétablir ce qui a été corrompu et perverti, ce qui est souffrant. Seul le Créateur peut donner force à ce qui est limité par nature. Jésus le Fils montre sa puissance créatrice.

Le Fils, Rédempteur : nous reconnaissons que le Fils est le Rédempteur. Il est en effet mort pour nous. La croix fut le summum de sa vie : non seulement instrument d’infamie et de torture, la croix est aussi lieu de glorification et de vérité. Si le Fils se révèle Rédempteur en sa croix, il l’est dès sa naissance. Sa vie quotidienne est expression de son être. Ses paroles sont Parole de vie. Ses gestes sont gestes de salut et de réconfort. Toute sa vie est rédemptrice. Tout son être est rédempteur. Tout est grâce en lui. Sa Personne est Personne divine en communion avec les Personnes de la Trinité. On comprend mieux cette communion qui n’a jamais fait défaut au Christ. On comprend aussi la souffrance ontologique du Christ en croix se sentant abandonné et loin de la communion trinitaire. Il n’en était rien mais il a vécu ce moment tragique de solitude comme une rupture dramatique. En mourant, le Christ sauve. En ressuscitant, le Christ renouvelle la création et de fait toutes les créatures. Bien plus, il fait des créatures, des enfants de Dieu participants de son héritage et de sa vie divine.

Le Fils, Vie nouvelle : non seulement nous recevons le vie, don précieux qui nous rend conscients de notre proximité avec Dieu mais aussi la vie divine, celle qui est Dieu, celle qui est éternelle. La vie humaine est précieuse parce que don divin. Cette vie humaine est anticipation et participation de la vie éternelle. Chaque instant de vie est un don. Chacun lueur de vie est une lueur d’espérance. Chaque signe de vie est un signe divin. Le Christ a en effet donné sens à nos vies humaines, même les plus fragiles car il y a inséré la vie divine, celle qui fait de la Trinité la source et la fin de tout. « Je suis la vérité, la lumière et la vie » dit Jésus. Quelle prétention pour un homme ! Quelle vérité pour Dieu ! Quelle révélation stupéfiante pour Jésus, le Fils de Dieu !

En relevant d’entre les morts la jeune fille décédée, Jésus ne fait pas qu’un miracle. Il révèle son identité et sa puissance de salut. En tant que Fils, il est le Créateur et donc le Maître de la vie. En tant que Rédempteur, il est source de vie et de grâce. On le voit aussi dans la guérison de la femme atteinte de perte de sang. Le toucher donne le salut mais le toucher avec foi et espérance. Jésus passe parmi nous comme un signe du salut que Dieu accorde à l’humanité restaurée et sauvée.

  1. 2. Le Fils, Maître de nos vies.

Savoir que le Christ est le Fils est source de bénédiction si on y met toute la foi et tout l’amour de son cœur. Savoir, c’est aimer. Aimer, c’est s’ouvrir au mystère. S’ouvrir au mystère, c’est connaître Dieu. Connaître Dieu en vérité, c’est le salut de nos âmes en attente. Le salut, c’est vivre en Dieu et goûter à la communion trinitaire. Tout cela est déjà possible ici et maintenant. La vie quotidienne est la voie pour goûter à la vie éternelle. La banalité désolante de nos vies est le chemin vers l’extraordinaire de Dieu.

Toucher le Christ : parfois il nous semble que Dieu est bien lointain même s’il est passé parmi nous et que la terre est son trône de gloire. Dieu règne en vérité sur l’univers mais aussi dans nos vies. Le rencontrer et en témoigner  sont des façons d’exprimer notre joie de croire et de l’aimer. Rencontrer le Christ est vital à notre vie spirituelle car cela alimente notre dynamisme et notre croissance. En témoigner alimente notre engagement à aimer et à servir. Toucher le Christ procure énergie et vitalité mais aussi ouvre le Ciel. On touche le Christ dans les sacrements, spécialement dans l’Eucharistie. On touche le Christ dans les autres, frères et sœurs du Fils qui se laisse entrevoir dans les vies les plus étonnantes.

Vivre du Christ : nous avons le besoin de vivre en Christ, du Christ, par le Christ. Plongés en lui lors de notre baptême, redynamisés par lui dans la confirmation et la vie de l’Esprit, alimentés par lui dans l’Eucharistie, nous avançons dans la vérité vers plus de plénitude. La vie quotidienne prend toute sa plénitude en Christ quand il est Maître de nos vies et Seigneur de nos cœurs. En l’aimant, nous aimons le Père et l’Esprit et nous recevons la gloire réservée aux élus, aux bien-aimés du Père, dans l’Esprit Saint.

  1. 3. Conclusion : toucher le Fils.

Reconnaître le Fils parmi nous est source de savoir et de salut. Le Fils est vérité et vie. On ne croît qu’en lui. On ne reçoit l’Esprit que par lui. On s’ouvre au Père par lui. Toute le Trinité Sainte se laisse percevoir et même toucher par le Christ. Sa beauté est la beauté du Père dans l’Esprit.

 

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