ORDINAIRE 5 A

« Ta lumière brillera comme l’aurore »

(Isaïe 58, 7-10 ; Mat 5, 13-16)

Le Sermon sur la Montagne (Mat 5 – 7) se déploie comme une grande fresque. Il commence par les Béatitudes et se poursuit par un approfondissement spirituel remarquable et lumineux. Jésus nous livre le secret de son cœur et nous invite à l’authenticité, à la vérité et à l’amour. Enracinés dans ce qui est essentiel, la communion trinitaire, nous croissons en humanité et en spiritualité. Des profondeurs de notre être transformé, surgissent la vie et son dynamisme, la tendresse et sa vitalité, l’amour et sa créativité. La vie prend tout son sens quand elle est reçue et donnée. Elle se déploie avec énergie et vérité pour un bonheur authentique et le bonheur des autres. Le ‘religieux’ peut nous maintenir en laisse mais le spirituel nous libère. Le Christ est plus qu’en exemple en la matière, il est notre Maître parce qu’il est le Fils. Par notre communion avec lui, nous recevons une filiation nouvelle et définitive mais aussi les moyens de la vivre et de la faire resplendir. C’est la vie des fils/filles qui doit briller sur les ténèbres du monde et mettre l’amour à la première place. Sel de la terre et lumière du monde, notre vocation est lumineuse.

  1. 1. « Vous êtes le sel de la terre »

Par cette comparaison, le Christ nous entraîne aux racines mêmes de notre vie. Avoir du goût ou rester fade dépend de nous et des priorités de nos existences. Il est toujours utile de se questionner sur les valeurs qui nous animent et les combats que nous menons. Nous serons d’autant plus crédibles si nous reflétons le dynamisme de la foi qui nous fait naître à la vie et à sa beauté, à l’amour de Dieu et des autres, à la vérité et à sa défense. Nous enraciner dans la Trinité irradie notre existence terrestre et nous entraîne vers l’éternité.

S’enraciner dans le Père : comment donner de la saveur sans recourir au principe de toute chose ? En Lui, le Père éternel, toute chose prend du sens et de l’existence. Il EST. Il nous maintient dans l’être et nous porte à bout de bras. En rendant ‘savoureuse’ notre relation au Père, nous menons une vie de fils/filles qui tendent vers la liberté et l’autonomie. Nous ne pouvons être qu’en Lui, origine et fin de tout, Bien supérieur et Beauté éternelle. Le Père donne l’existence et la vitalité créative qui font de nous, des hommes et des femmes selon sa volonté. L’amour est à l’origine de tout !

S’enraciner dans le Fils : comment donner de la saveur sans recourir au Verbe éternel et à la Sagesse divine ? En Lui, le Fils, toute chose est sauvée et reçoit grâce. Il EST. Il nous a obtenu le retour au Père par le pardon et le don de la grâce. Il nous fait ‘comme lui’, entraînés dans une relation filiale qui dépasse nos limites humaines et nos faiblesses si pesantes. En rendant ‘savoureuse’ notre relation au Fils, nous colorions nos vies de la joie des Béatitudes et du don de soi. Le Fils donne le bonheur et la force créatrice, en faisant de nous son Corps et en nous plaçant sur le trône céleste.

S’enraciner dans l’Esprit : comment donner de la saveur sans recourir au Souffle de vie ? En Lui, l’Esprit Saint, l’être s’anime et le mouvement est donné. Il nous mène sur des chemins de purification et de grâce. Il EST. Planant sur les eaux primordiales, il féconde la terre et donne vigueur aux corps, il illumine les esprits et bonifie les âmes en attente d’amour. En rendant ‘savoureuse’ notre relation à l’Esprit Saint, nous entrons dans le secret de l’amour et plongeons dans le mystère de la communion. L’Esprit donne unité et sérénité, par la tendresse d’un Dieu qui est en Lui-même communion et amour, qui attire et console, qui crée et recrée, qui aime.

Nos vies si banales peuvent donc recevoir la saveur nécessaire à une existence joyeuse et remplie, à une créativité débordante et animée, à une recherche passionnante et expressive. Si la Trinité Sainte est à l’origine de tout, elle donne tout et accompagne tout pour goûter au Tout de l’amour !

  1. 2. « Vous êtes la lumière du monde »

Nos vies sont sel de la terre. Elles reçoivent la saveur divine pour relever la terre et faire de l’humanité l’héritière des promesses divines de communion dans l’amour. Enracinés en Dieu, nous pouvons être lumière du monde et briller comme le soleil au zénith. Nous tenons en mains les richesses de la Parole donnée et les grâces du Souffle divin. A nous de resplendir sur ce monde en attente de bonheur et d’amour. Comme le Christ ressuscité illumine le matin de Pâques, nos vies transfigurées illuminent les matins du monde.

Lumière du monde par la vie spirituelle : c’est de l’intérieur que tout vient, le bien et le moins bien. Si nous illuminons nos cœurs et nos consciences, nos jardins secrets et nos relations interpersonnelles, alors la lumière brillera et s’étendra au-delà de nos limites. C’est de notre relation filiale et spirituelle que partiront les rayons qui donneront réconfort et sens.

Lumière du monde dans la vie communautaire : c’est par l’exemple de vie communautaire vécue dans l’unité et la tendresse mutuelle que nous serons crédibles. On pourra alors « rendre gloire au Père ». Même si vivre unis dans la différence n’est pas facile, c’est notre chemin chrétien car tout en étant Un, Dieu est Trinité. Notre Eglise se doit d’être le ‘sacrement’ (le signe sensible et visible) du salut et de l’amour trinitaire. C’est de nos relations fraternelles et spirituelles que partiront les rayons qui donneront conversion et joie de vivre.

Lumière du monde dans la vie sociale : c’est par une vie cohérente et conséquente que nous pourrons donner souffle et vie au monde. Témoins de la vie et de la Résurrection, disciples du Divin Maître, fils et filles du Père, nous sommes dans le monde la présence vivifiante de Dieu. Ainsi, concrétisons l’Evangile de vie et la vérité de l’amour dans nos activités sociales et professionnelles, dans le monde de l’économie et de la politique, dans les recoins de nos sociétés et les milieux les plus divers. L’Evangile est pour tous et pour tout. Il donne vie et sens à tout et à tous. Le Christ a les paroles de la vie éternelle, cette vie qui porte notre vie et la transfigure en lumière. Ne cachons donc pas la lampe sous le boisseau !

  1. 3. Conclusion : briller par son amour !

Nous sommes les fils/filles de la lumière : baptisés en Christ, nous avons reçu la marque de l’Esprit afin de vivre de l’amour du Père. Serait-il raisonnable de cacher cette vérité et de la laisser dans l’ombre ? Ne doit-elle pas plutôt briller comme une ville sur la montagne ?

Nous sommes les fils/filles du Père dans le Fils par l’Esprit Saint : aimés en la Trinité, nous sommes les signes concrets de cet amour dans ce monde en recherche de sens et de vérité. Devrions-nous éteindre la flamme de la vérité et de l’amour ? Ne doit-on pas plutôt briller comme l’aurore, comme l’étoile qui indique la direction et pointe le doigt sur l’amour ? Que l’amour nous guide !

P. Francis

 

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