CAREME 3 A

« Donne-moi à boire »

(Jean 4, 5-42)

Notre progression vers Pâques s’approfondit et se précise. La démarche se veut catéchuménale et catéchétique. Nous voulons connaître le Christ et saisir l’intimité de son cœur. Cette intimité nous portera à son être profond et cet être est communion parfaite avec le Père dans l’Esprit. De cet amour tout-à-fait original et extraordinaire, nous voulons puiser des forces et des raisons de vivre, nous voulons communier et agir, nous voulons atteindre l’infini. Le carême est un effort sur soi pour plus de cohérence mais aussi un tremplin vers le haut pour une communion en la Trinité. Il est remarquable que tout, en fait, se passe en nous et que notre vie « en Esprit et vérité » nous entraîne dans la joie de l’amour partagé. La samaritaine de l’Evangile de ce jour nous ressemble bien avec ses questions existentielles mais aussi sa vie complexe. Au-delà de ces errances morales, il y a un cœur en attente et une vie qui ne demande qu’à s’épanouir dans la vérité. Le Christ lui promet l’Esprit, source d’eau vive pour le croyant bouleversé et inquiet.

  1. 1. Vie spirituelle : rencontrer le Christ !

Pendant le carême, faisons l’évaluation de notre relation à Dieu. La vie spirituelle est ce désir d’harmoniser tous les aspects de notre personne et de notre vie. Nous ne sommes pas ‘cloisonnés’, nous sommes un tout et quand une partie est malade, le reste en souffre. Nous avons tendance à compartimenter notre existence en domaines infranchissables alors que c’est le tout qui demande paix et harmonie. La bonne nouvelle, en christianisme, c’est que Dieu fait le premier pas et que nos efforts viennent en deuxième phase. C’est Dieu qui a l’initiative et qui propose un chemin vers notre cœur et vers son Cœur, un chemin de vie qui s’épanouit dans l’amour. L’amour est, en effet, le chemin royal qui porte à la communion trinitaire.

Passion de Dieu pour l’homme : Au « Où es-tu ? » (Gn 3, 9) adressé par Dieu à Adam correspond ce merveilleux « Donne-moi à boire » de Jésus (Jn 4). On se trouve dans le même mouvement de désir et de recherche. Toute la Bible sera  ce mouvement de Dieu vers l’homme auquel celui-ci tentera de répondre. Elle nous montrera l’œuvre du Créateur en quête de sa créature et du Seigneur en quête d’Alliance. Elle montrera toute la difficulté de l’humanité à se reconnaître aimée et désirée, pardonnée et invitée, appelée et choyée.  Elle indiquera surtout Jésus comme le Christ, Fils du Père, envoyé pour le salut de l’humanité et son exaltation dans la gloire céleste. La passion de Dieu pour l’homme passera par la passion du Fils et sa mort en croix, par sa Résurrection qui nous introduit, finalement, dans la communion en Dieu. Pendant le carême, laissons Dieu nous aimer et nous entourer de son affection car son Cœur est le lieu de notre repos.

Passion de l’homme pour Dieu : à cet appel vers le haut et vers l’amour correspond notre réponse gratuite et sans condition. N’est-ce pas cela la vie dans l’Esprit ? Rencontrer le Christ et aimés par lui, nous entrons dans une relation qui nous entraîne vers la Père et qui atteint par l’Esprit la communion tant désirée ! En nous, est inscrite cette ‘tendance vers la transcendance’, vers l’infini, vers le plus : notre cœur se sent aussi grand que les étoiles pour aimer et donner, notre désir est aussi puissant que le soleil pour irradier l’amour, nos mains sont prêtes à saisir l’univers pour modeler un monde nouveau ! Nous avons ces capacités en nous qui ne demandent qu’à s’exprimer et à s’épanouir. Et quand nous nous tournons vers Dieu, tout cela prend une dimension d’éternité ! Pendant le carême, laissons nos forces s’exprimer dans l’amour car nos cœurs ne trouvent qu’en Dieu leur repos.

Si notre vie spirituelle rencontre la croix, elle se plonge surtout dans le Résurrection et l’amour trinitaire. Le Christ crucifié du Vendredi Saint est le Ressuscité du matin de Pâques.

  1. 2. Don de l’Esprit : vie en Christ !

Rencontrer le Christ nous mène vers une vie plus saine et plus sainte. Il nous donne les moyens de vivre de cette vie nouvelle par le don de l’Esprit. L’Esprit Saint est le moteur de nos vies et la lumière de nos existences. Puisqu’il est l’amour du Père et du Fils, il peut être ce lien en nous et dans l’Eglise qui assure l’unité et l’harmonie.

Le désir du don : l’Esprit suscite le désir du don de « l’eau jaillissante en vie éternelle » (Jn 4, 14). Il creuse en nos cœurs le désir d’aimer et d’être aimés et vient revitaliser nos forces vives. Ce désir correspond exactement à cette ouverture transcendantale qui caractérise l’être humain et ne sera comblé que par sa présence unifiante et aimante.

Les effets du don : la présence de l’Esprit fait de nous de ‘vrais adorateurs’, capables de prier et d’aimer en « Esprit et en vérité » (Jn 4, 23). Symbole de l’Esprit, cette eau vive dont parle Jésus à la samaritaine. Cette eau est seule capable de nous désaltérer et d’assouvir notre soif, soif d’infini et soif d’être soi-même, soif de vie et d’éternité, soif de d’amour et de beauté. Donnée par le Fils, elle est seule capable ‘d’irriguer les déserts de l’âme inquiète et insatisfaite’ (Benoît XVI).

Les joies du don : don de Dieu, l’Esprit est joie et paix. Joie de croire et d’aimer, paix dans un monde instable et rapide. Joie de savoir et de pouvoir, paix dans un monde de péché et d’excès. Joie et paix d’une harmonie enfin trouvée et appelée à la communion en la Trinité, Elle-même Joie et Paix dans l’Amour.

Le Christ est don du Père pour l’univers. Il nous entraîne à la filiation. L’Esprit est don du Père et du Fils, il nous mène à la communion éternelle par une filiation effective.

  1. 3. Conclusion : la vie éternelle dans l’amour.

La Samaritaine cherchait la vérité et par la vérité, la paix intérieure. Elle trouve la Vérité en Jésus, Messie et Prophète, envoyé pour dévoiler la vérité. En rencontrant Jésus, elle trouve la voie et ce chemin l’entraîne vers le cœur.

La Samaritaine cherchait l’harmonie et par l’harmonie, la stabilité dans sa vie chaotique.  Elle trouve l’Eau vive en Jésus, Fils de Dieu envoyé pour notre salut. En accueillant Jésus, elle trouve le pardon et le chemin vers l’éternité.

La Samaritaine cherchait de l’eau pour assouvir un besoin bien naturel. Elle trouve le Créateur en celui qui donne l’eau vive, cette eau qui devient Source jaillissante d’éternité dans un cœur en attente. Une eau faite de grâce et d’amour.

Notre carême nous ramène aux sources d’eau vive abondante en nous depuis notre baptême. Que l’Esprit vienne désaltérer nos soifs et nous plonger dans l’amour de la dynamisante Trinité.

P. Francis

 

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