TRES SAINTE TRINITE A

« Le Dieu d’amour et de paix »

(2 Co 13, 11-13 ; Jean 3, 1—18)

Le temps pascal nous a plongés dans le mystère du Christ et du coup dans le mystère de Dieu. La Résurrection glorieuse du Christ est la porte d’entrée dans l’intimité divine mais surtout dans la filiation accordée à tous les croyants qui acceptent Jésus comme le Fils et qui vivent de l’Esprit Saint à la plus grande gloire du Père. Jésus n’a pas fait de discours sur Dieu sinon en l’appelant « Père » et en promettant l’Esprit. Il a dévoilé le cœur de Dieu par sa relation toute particulière avec le Père tout en vivant dans l’Esprit. On a bien compris qu’il se passait quelque chose d’insolite. Certains ont trouvé cela scandaleux et même blasphématoire. Jésus ne prétendait-il pas à l’impossible ? En se montrant Fils de Dieu, ne remettait-il pas en cause toute la tradition biblique ? Nous affirmons, nous chrétiens, qu’il a accompli les Ecritures et qu’on  est arrivé au summum de la révélation : la Trinité de Dieu, Dieu vivant la communion dans l’amour et Dieu en action pour nous. Communion et Rédemption, les deux pôles importants qui nous disent toute la tendresse du Père par le visage sacré du Fils dans l’Esprit d’amour. Fêter la Trinité Sainte, c’est fêter l’amour de Dieu et fêter notre salut qui est participation à cet amour, jusqu’à entrer dans les relations trinitaires. Beauté suprême qui nous laisse émerveillés !

  1. 1. La communion trinitaire.

Il est bien clair que la Trinité n’est pas une invention des chrétiens, nostalgiques des triades antiques et d’un polythéisme caché. Il ne s’agit pas de ‘trois dieux’, d’un Dieu polymorphe ou de trois façons de parler de lui sous forme d’avatars selon les circonstances. Il s’agit du Dieu unique, dans la tradition biblique et évangélique. Il s’agit du Dieu d’Israël, révélé à Abraham, Moïse et les prophètes, le Dieu qui s’est manifesté de différentes façons sans montrer son visage mais en appuyant sa présence aimante. C’est le Dieu de l’Alliance qui fait ‘pacte’ avec son peuple, témoin de sa volonté dans le concert des peuples du monde. On reste bien dans la même ligne et cette ligne prend une direction inattendue avec le Christ. Jésus nous montre le visage de Dieu Père, Fils et Esprit.

La Résurrection, entrée trinitaire : aurait-on parlé de la Trinité sans le Résurrection ? Certainement pas ! La Résurrection est la Bonne Nouvelle annoncée au matin radieux de Pâques et qui ouvre le Ciel à notre contemplation. Alors qu’on ne s’y attendait pas, le Christ ressuscite et nous montre le chemin : chemin du salut et chemin vers le cœur du Père, chemin filial et chemin de sainteté dans l’amour. Le Père a ressuscité Jésus de Nazareth, rendant valides ses ‘prétentions’ à l’intimité divine et à la filiation divine. Les disciples ont alors compris que Jésus le Christ est le Fils, venu de Dieu et retournant à Dieu, Verbe Eternel et Sagesse divine. Il EST Dieu tout comme le Père et l’Esprit.

La filiation du Christ : la Résurrection est le déclencheur du mystère trinitaire. Jésus ressuscité est le Fils de Dieu : non un fils adopté ou un homme divinisé, non un ‘participant’ de la divinité ou un esprit supérieur se fondant dans l’énergie divine. Jésus le Christ est de nature divine. Son incarnation est acceptation de notre humanité sans renier sa divinité : harmonie sans fusion ni confusion, deux natures qui communient et se fécondent, une seule Personne du Verbe de Dieu qui assume ses deux natures pour une mission toute particulière. Dire que Jésus est le Fils n’est pas une image ou un symbole, c’est une réalité ontologique qui touche notre être profond par son Incarnation. En lui, notre humanité est assumée par Dieu et emportée au Ciel dans la communion trinitaire.

La présence de l’Esprit : l’Esprit Saint promis par le Christ est le don de la joie divine et de la participation à la vie divine. L’Esprit est celui qui fait et agit, qui sonde l’intimité de Dieu et permet la communion dans l’amour. Il EST amour du Père et du Fils, éternellement spiré. Cet amour est déversé sur la Création tout entière comme il existe au cœur du divin. Il est à l’origine de tout ce qui est créé comme il est présence de ce qui est éternel. L’Esprit est personne, uni au Père et au Fils, accomplissant la volonté de la Trinité et sanctifiant le monde pour le rendre apte à la communion.

Nous avons reçu cette Bonne Nouvelle par la Résurrection du Christ. La grâce de croire est aussi grâce de participer à cette vie trinitaire qui est amour et communion. Notre Dieu est loin d’être statique et indifférent, loin d’être capricieux ou partial, loin d’être cruel ou violent. Notre Dieu est amour du Père et du Fils et du Saint Esprit, communion dynamisante, communication de soi, Trinité d’amour dans l’unique divinité. C’est le Dieu de Jésus Christ !

  1. 2. Notre vie trinitaire.

On pourrait se contenter de croire et même de peaufiner notre théologie. Cela ne suffit évidemment pas. Il y a aussi la spiritualité (vivre en Dieu) et la mystique (s’unir à Dieu). Il y a la vie éthique (agir comme des fils) et l’engagement personnel et communautaire (bâtir le Royaume). Toute notre vie est teintée du mystère trinitaire, du mystère d’amour et de communion. Toute notre Eglise est reflet du mystère trinitaire, mystère de communion et d’amour au cœur de la communauté.

Les ministres ordonnés : ils ont la charge d’annoncer la Trinité et de sanctifier les fils/filles du Très Haut pour une communion déjà réalisée et en attente d’infini. Ils ont la charge de l’Eglise communion à travers une institution humaine, voulue par le Christ, se dépassant et touchant le Ciel.

Les fidèles consacrés : ils ont la charge de vivre dès maintenant la communion trinitaire par leur vie communautaire et de consécration. Ils ne sont efficaces que par l’efficacité de l’amour qu’ils puisent dans les relations trinitaires. Vœux religieux ou séculiers, apostolats, vie communautaire, vie spirituelle… sont les signes de la vie nouvelle en Christ, vécus dans la grâce et la joie trinitaire.

Les fidèles laïcs : ils ont la charge de vivre l’amour trinitaire dans leur quotidien, dans leur engagement familial, social et professionnel. Ils doivent refléter l’amour divin dans leur vie de couple, de famille, dans la politique et l’économie… Ils élèvent le monde par leur vie spirituelle qui part de la Trinité et rejoint la Trinité. Les sacrements les y aident. La prière les y engage. L’amour les rend forts.

  1. 3. Conclusion : Trinité d’amour !

De la Trinité à la Trinité : Jésus le Christ nous a montré ce mouvement descendant et ascendant. Tout vient de Dieu et y retourne dans un mouvement d’amour qui rejoint la communion en Dieu. La ‘Trinité immanente’ (en soi) se contemple à partir de la ‘Trinité économique’ (en action pour nous).

De la Trinité à la Trinité : notre vie est une plongée dans la vie trinitaire. Dès notre baptême, nous avons été jetés en Dieu pour y vivre dans l’amour et le rejoindre dans le quotidien. La Trinité est modèle de vie car elle est l’être de Dieu. La communion nous anime. Elle féconde notre vie. On ne dira jamais assez que si Dieu est amour, il est Trinité. Nous sommes ainsi des êtres trinitaires.

P. Francis

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