AVENT 2 B

« Jean le Baptiste parut dans le désert »

(Marc 1, 1-8)

L’Avent est vraiment un temps de grâce qui permet de se préparer à cet événement surprenant et inimaginable qu’est l’incarnation de Dieu. Non seulement nous reconnaissons en Jésus le Messie annoncé, mais le messie c’est Dieu lui-même, c’est Dieu qui vient parmi nous. Alors qu’on attendait son messager, un envoyé peut-être plus fort et plus entreprenant que les autres, voilà que c’est Dieu lui-même qui se présente. Il aura fallu  du temps pour comprendre et pour ‘articuler’ raison et foi à propos de ce « Jésus Christ, le Fils de Dieu ». Pour nous permettre de pénétrer le mystère du Christ, il y a bien des personnages, hommes et femmes, qui nous ont précédés. Préparés par la longue attente des veilleurs, ils ont su ‘reconnaître les signes’ d’une présence divine de plus en plus précise et expressive. Ils ont laissé leur cœur s’ouvrir à l’inattendu, à la merveille d’un Dieu qui se révèle, à la joie d’une rencontre amoureuse. L’Avent nous permet de vivre cette même attente, cette même merveille qui nous illuminera à Noël, ce même désir amoureux qui donne sens à notre foi et à notre vie. Nous entreprenons notre itinéraire vers Noël avec Jean le Baptiste, Zacharie et Elisabeth ses parents, avec Marie de Nazareth, Joseph de Bethléem, Siméon et Anne de Jérusalem, des bergers anonymes, des mages venant d’orient… A ces personnages bien de chez nous se joignent des anges et des chœurs célestes. La nature participe aussi à cette joie avec une étoile qui pointe l’Enfant et qui brille de tous ses feux. Préparons donc notre cœur à la rencontre en attisant notre attente.

  1. 1. « Préparez le chemin du Seigneur ».

On aime ce personnage de Jean Baptiste. C’est un original qui ne mâche pas ses mots. Dans la violence de ses propos, on retrouve toute la profondeur de l’amour de Dieu pour son Peuple, toute la fougue du disciple zélé, toute l’autorité de la loi divine. Il est entier. Il nous semble un peu fanatique et il ira jusqu’au bout de ses convictions. On aime l’écouter car il touche les fibres de nos sentiments religieux et il insiste sur la cohérence d’une vie en harmonie avec la foi. On le trouve exagéré mais on l’admire car il est le type même de celui qui vit ce qu’il croit. Jean le Baptiste est cette voix annoncée pour préparer la route au Messie (Isaïe 40), pour aplanir les chemins qui mènent à la grâce, au Fils. Celui qui trouve le Fils a trouvé le Père et reçoit l’Esprit Saint.

Aplanir notre orgueil : on a besoin d’humilité. On est souvent orgueilleux  dans notre vie quotidienne et même dans l’expression de notre religion. L’humilité ne nous étouffe pas ! L’Avent permet de reprendre souffle et de reconnaître ces voies orgueilleuses qui nous portent à l’incompréhension, au conflit, à la rupture. Quand on reconnaît ses limites et qu’on attend tout de Dieu, on reprend la relation brisée et on accepte de ne pas être le centre du monde, on accepte sa souffrance.

Aplanir notre égoïsme : on a besoin de générosité. On est souvent égoïste et sans pitié pour les autres. Il arrive aussi qu’on compte ses gestes de bonté et qu’on s’enferme dans son petit monde douillet. L’Avent permet de restaurer les relations et de raviver notre générosité. Générosité en temps, en sourires, en engagement, en argent, en compréhension… en amour ! Quand on se considère ‘intendant’ des biens matériels et spirituels, on est capable de bonté et de générosité. On accepte d’être décentré et plongé dans un mystère qui nous dépasse.

Aplanir notre rébellion : on a besoin de cohérence. On est souvent dissipé et désorganisé. On est certes très bon professionnel et notre travail est parfait. Cependant, notre vie spirituelle souffre de manque de temps et de volonté. On se rebelle pour des riens anodins qui cachent bien des souffrances et des attentes. On sait aussi se rebeller devant l’injustice et le scandale mais seulement quand cela ne nous atteint pas. L’Avent permet de concentrer notre rébellion sur l’essentiel et de nous engager dans des combats importants qui mettent la liberté, la justice pour tous, la paix au centre de l’effort. Rebelles quand l’amour n’est pas aimé !

Aplanir notre paresse : on a besoin de vitalité. On est souvent endormi et à l’arrêt quant à la foi. On se contente de déjà vu et du déjà reçu. On ne fait pas l’effort de la raison ou de l’acte de foi. Notre prière en pâtit. Notre relation à Dieu se disloque. Notre amour de l’Eglise se dissipe. On s’éloigne peu-à-peu de la source de la vie. L’Avent permet de se ‘raccrocher’ et de reprendre l’élan de vie qui traverse notre existence, de raviver la flamme et de se jeter dans l’amour de Dieu, par le Christ dans l’Esprit. L’Avent rouvre le chemin vers le cœur de la Trinité Sainte.

  1. 2. « Il vous baptisera dans l’Esprit saint »

De fait, notre parcours jusqu’à Noël est une aventure spirituelle et communautaire. Il s’agit d’accueillir toute la nouveauté d’une vie qui nous est donnée et toute la joie du salut pour tous. La grâce de Noël active l’ouverture du cœur qui recevra la grâce de Pâques. La Résurrection de Jésus donnera tout son sens à son Incarnation. L’Incarnation permet la mission rédemptrice du Christ et son accès à l’être, à la transformation de l’être, à la réception de la grâce filiale.

Le Messie est le Fils : Jésus n’est pas un simple prophète. Il est dans la continuité des prophètes certes mais sa mission ne se limite pas à la proclamation d’un message. Il est Bonne Nouvelle. Il est la Parole de Dieu, le Verbe éternel. Il est d’essence divine et icône du Père Le voir, c’est voir Dieu ! L’aimer, c’est aimer le Père dans l’Esprit et goûter à l’amour de la Trinité Sainte.

Le Messie donne l’Esprit : le Baptiste baptisait dans l’eau, d’un baptême de pénitence et de conversion. Le Messie reprend cette pratique, car la conversion est un premier pas vers la lumière, mais baptise dans l’Esprit d’amour du Père et du Fils. Il donne l’Esprit de grâce qui vivifie nos vies et les transfigure, qui nous identifie au Christ et accorde sa vie filiale. Son baptême est un baptême ouvrant à la communion !

  1. 3. Conclusion : en chemin vers l’amour !

Temps de grâce, l’Avent rétablit les choses en les aplanissant. Notre effort de conversion et de sainteté est initié par le Christ, consacré par l’Esprit et béni par le Père. Se préparer à Noël demande donc de comprendre Noël et d’accueillir la joie de l’Incarnation comme aussi toutes ses conséquences dans nos vies personnelles et communautaires, dans notre approche sociale, économique et politique des choses.

Temps de grâce, l’Avent nous fait toucher le mystère de l’amour de Dieu et de sa Trinité. Baptisés dans l’eau et l’Esprit, nous goûtons alors à la communion éternelle des Personnes Divines qui ne vivent que de l’amour et qui sont dans l’amour. La lumière nous est donnée sur ce mystère dynamique mais aussi la capacité de le partager et d’en vivre dès maintenant.

P. Francis

 

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