ORDINAIRE 2 B

« Posant son regard sur Jésus »

(Jean 1, 35-42)

Les fêtes de Noël s’achèvent avec la révélation suprême et fondamentale du mystère trinitaire. Jésus est vraiment le Bien-aimé en qui le Père se complait et qui donne l’Esprit Saint. Toute la vie de Jésus sera révélation de ce mystère d’amour et de communion. Ses paroles de sagesse et de vie nous feront pénétrer plus avant dans la connaissance du Père et de l’Esprit. Ses gestes de salut nous aideront à accepter l’amour éternel du Père dans l’Esprit. Ses miracles nous introduiront dans la Volonté du Père par l’Esprit. Sa mort et sa Résurrection nous plongeront dans la folie de l’amour du Père, du Fils et de l’Esprit. On ne comprend Jésus et sa mission qu’à travers cette clé de l’amour et de la communion. Mais plus qu’une simple compréhension qui peut rester extérieure, c’est une participation pleine et complète qui nous est demandée : partager la vie éternelle de la Trinité Sainte. Il nous reste maintenant à cheminer et à ouvrir notre cœur à la présence divine par Jésus le Christ et en lui. En suivant Jésus, nous apprenons à le connaître et ainsi à connaître le Père pour mieux l’aimer et le servir. Demandons à l’Esprit Saint de nous accompagner sur le chemin qui mène au cœur du Père par Jésus le Fils.

  1. 1. L’Agneau de Dieu.

Il peut sembler difficile de parler de « l’Agneau de Dieu » même si nous donnons ce titre à Jésus lors de la messe à la suite du Baptiste. L’agneau suggère la blancheur et l’innocence. Il suggère aussi le sacrifice et donc la Pâque des Hébreux. Si l’agneau est sacrifié, c’est pour faire mémoire de la sortie d’Egypte et donc de l’Alliance. L’agneau, cependant, peut être la victime de la violence et la concentration de toutes les haines accumulées. N’est-ce pas la vie même de Jésus ? N’est-il pas et l’Innocent et la victime expiatoire ?  A côté de son titre de « Fils », le plus beau, le plus grand et le plus vrai, le titre « Agneau » n’est-il pas le plus proche de son existence et de sa mission ? Le Fils unique de Dieu, incarné pour notre salut, est l’Agneau qui donne sa vie pour nous et qui nous obtient pardon et grâce. Il siège alors sur le Trône divin, marqué des signes de son sacrifice.

L’Agneau Innocent : nos images de Jésus sont pleines de candeur et de romance. Nous forçons quelquefois cet aspect pour mieux montrer la violence subie. Innocence ne signifie pas être candide ou même niaiseux. Elle ne signifie pas bêtise ou folie douce. Innocence signifie ouverture à la pureté de la pensée, engagement dans la sérénité et la paix, refus de la violence et de la vengeance, regard simple et profond sur les choses et les êtres. L’innocent comprend en regardant, connaît le cœur de l’homme et l’encourage, se fait réaliste sur les intentions et les travers de l’autre sans y participer, ouvre son cœur au risque de se laisser engloutir. Jésus connaît le mal et le péché de l’humanité mais n’y enferme pas l’homme en recherche de vérité et de pardon. Il sait toucher le cœur par sa Parole de vérité et son regard sans ambiguïté. Il est limpide dans son regard, son approche et ses gestes.

L’Agneau sacrifié : nos images de Jésus souffrant sont touchantes et parfois troublantes. Certaines spiritualités ou dévotions multiplient les distorsions physiques et le sang pour mieux souligner la profondeur de l’amour qui sauve. Le sacrifice est certainement profondément douloureux et intense. A la douleur physique s’ajoute la souffrance morale et spirituelle. Non seulement Jésus a souffert dans son corps mais son cœur est transpercé et son lien ontologique et vital avec le Père est rompu. Toute la profondeur et la cruauté de ce sacrifice nous touche et nous interroge. L’agneau sacrifié est aussi celui qui rappelle l’Alliance et la possibilité de la communion. Ainsi Jésus, par son sacrifice suprême nous obtient le pardon, la justification et nous rétablie dans l’Alliance rompue et renouvelée. En se faisant agneau, Jésus se fait nourriture et communion. Il est le lien désormais indispensable entre la Ciel et la Terre, entre Dieu et l’Homme, entre le visible et l’invisible.

L’Agneau glorifié : nos images de Jésus glorieux sont souvent triomphalistes et puissantes. Nous aimons le contraste entre le corps souffrant du Messie et la gloire du Fils au matin de Pâques. Certes le passage est vrai, la transformation est évidente, la transfiguration du Souffrant en Vivant est éclatante. Il reste que l’Agneau immolé est l’Agneau glorieux. Il reste toujours les traces du souffrant sur le Corps glorieux du Ressuscité. On comprend ainsi que les séquelles du péché et du mal nous accompagnent quelque fois et, même transformées, elles font partie de nous. Cela montre encore plus la gloire du Seigneur qui panse nos plaies et enduit d’huile apaisante nos souffrances pour les emporter et les transfigurer en Lui. Notre histoire humaine, personnelle et collective, est chemin vers Dieu par le Christ et lieu de notre salut. L’Incarnation est passée par là et la Résurrection a irradié de vie et d’amour nos existences.

  1. 2. Nous appartenons au Seigneur (1 Co 6).

Forts de ces convictions, nous pouvons changer nos regards sur nous-mêmes et sur le monde. Le regard posé sur Jésus nous a introduits dans cette dimension mystérieuse de son existence et de notre existence. La réalité spirituelle de la présence du Fils est présence du Père par l’Esprit. La vie du Fils, Agneau sans tache immolé et glorifié, a percé le sens de la Création et a donné tout son sens à nos combats, à nos souffrances et à nos amours. Si nous cheminons avec Lui, nous comprenons notre vocation humaine et notre vérité filiale. Si nous surélevons nos existences, nous atteignons l’éternité en Lui. Si nous vivons avec Lui, nous saisissons l’importance de notre humanité comme chemin vers la divinité.

Changer de regard : peut-on vivre comme si on ne savait pas ou comme si on ne participait pas à la création nouvelle en Christ ? C’est un vrai risque. Nos vies sont si remplies et si compromises qu’on en perd le sens. Nos esprits sont si préoccupés et si occupés qu’on en perd le fil. Pourtant, chrétiens, nous sommes au Christ et le Christ est pour nous. Non seulement l’âme ou le cœur mais l’esprit et le corps aussi. On ne peut diviser nos personnes en catégories diverses. Nous sommes un et c’est cette ‘unité’ qui est illuminée par la grâce. Que de conséquences dans notre quotidien !

Changer de vision : peut-on penser et réfléchir sans l’aide des valeurs évangéliques ou sans l’Esprit Saint ? C’est un vrai risque. Nous aimons être ‘modernes’ ou ‘à la page’, suivant modes et innovations.  Tout pourtant n’est pas bon et tout ne nous profite pas. Il est laborieux de comprendre les conséquences à long terme de nos options et choix. Par l’Esprit du Père et du Fils, illuminés par l’Evangile et transformés par la Grâce divine, notre humanité est surélevée et unis à la Sainte Trinité. Cette réalité filiale et trinitaire nouvelle est le moteur de nos vies.

  1. 3. Conclusion : le Seigneur parle au cœur pur (1 Sam 3).

Jésus est l’Agneau innocent et immolé. Il nous donne existence et consistance en Lui.

Jésus est l’Agneau qui perce les secrets. Seuls les cœurs purs le perçoivent.  En lui, la grâce d’une vie dans l’amour.

P. Francis

 

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