CAREME 3 B

« Mais le Temple dont il parlait, c’était son corps ! »

(Jean 2, 1 3-25)

Il est toujours bon, pendant le carême, de faire une pause comme il est toujours bon de se questionner sur sa foi et sa pratique religieuse. Il nous arrive de nous demander ce qui caractérise le christianisme dans le concert des religions mondiales ou même face aux nouvelles religions ou tendances actuelles. On sait que le paganisme revient en force sous des aspects divers et séduisants. On comprend que certaines religions sont promues ou protégées. On est loin de l’athéisme qui semble avoir fait son temps. Le défi est d’autant plus pertinent pour nous car de nouvelles idées voient le jour ou d’anciennes croyances s’habillent de modernité. Le Christ est-il un sage spirituel parmi d’autre ou peut-être même une invention des disciples épleurés ? Notre foi est claire comme aussi notre engagement concret : Jésus de Nazareth est le Christ, reconnu Fils de Dieu à la lumière de sa Résurrection et partageant sa vie divine avec tous les croyants devenus librement fils/filles du Père dans l’Esprit. Il englobe ainsi l’univers, l’histoire et toute l’humanité. Il ouvre l’éternité et nous plonge dans l’amour trinitaire. Le Christ est notre origine et notre destination, notre Loi et notre Temple, lieu de notre adoration et bonheur.

  1. 1. Le Fils, Nouveau Temple.

Le Nouveau testament n’a pas promu un lieu sacré ni un rituel précis. Si nous gardons les lieux saints de Palestine, c’est en souvenir d’un passage historique du Fils de Dieu mais il n’y a plus de centre vital ou de point de référence cosmique. Le nouveau lieu saint est le Corps ressuscité du Christ, lieu de culte et d’adoration, Corps mystique qui propulse dans le cœur de la Trinité et qui assume le cosmos, le temps et l’éternité, l’humanité depuis les origines et jusqu’à la fin du monde. Le Corps ressuscité est l’axe de mire, le point de référence, la colonne vertébrale de l’univers renouvelé et revitalisé. Notre Jérusalem, c’est la Jérusalem céleste !

Une nouvelle présence : bien qu’extraordinaire dans son aspect anthropologique et spirituel, l’Incarnation a pourtant limité le Fils au temps et à l’espace. Même s’il a uni de façon singulière l’humanité et la divinité en sa Personne, Jésus n’a pu atteindre la plénitude de sa puissance qu’à la Résurrection. La kénose (enfouissement du divin dans l’humain) a limité le Fils de Dieu mais sa Résurrection lui a rendu la splendeur atténuée quelque temps et enfin révélée. Le Fils est tout en tous, présent à toute époque et à tout espace de l’univers mais surtout il est en nous, touchant notre être de façon particulière, nous unissant à lui. Sa présence est Présence divine. Le carême nous rappelle cette vérité théologique et spirituelle, car cette Présence est vivifiante et dynamique, porteuse de joie et de lumière.

Un nouveau culte : les sacrifices sanglants sont abolis comme aussi le culte traditionnel dans un temple de pierre. Celui-ci n’a-t-il pas été détruit et les sacrifices n’ont-ils pas cessé? L’unique sacrifice du Christ a suffi. Son sang répandu a suffi. Son obéissance a suffi. Le culte de la Nouvelle Alliance passe par son Corps ressuscité : il est l’unique prêtre, l’unique intercesseur, l’unique rédempteur. Le culte est désormais spirituel et demande de s’offrir soi-même à la suite du Christ. Le Père reçoit notre offrande par les mains du Christ et nous donne l’Esprit de vie pour nous unir à lui. Le lieu de notre culte est le Christ, nouveau Temple. Le carême nous défait de tous les artéfacts inutiles pour nous conduire vers l’essentiel du culte véritable.

Le Corps mystique : la victoire du Christ est notre victoire. Elle ne reste pas extérieure à nous-même. Nous participons réellement de sa vie nouvelle et de sa filiation. Notre unité est réelle et concrète. Non pas simples spectateurs d’un drame intéressant ou d’une action excitante mais participants d’une réalité nouvelle, nous vivons désormais unis au Christ Tête en étant son Corps mystique. Membres de ce Corps ressuscité, nous recevons la vie par l’énergie divine vitale. Fils/filles avec et par le Fils, nous pouvons accueillir l’amour du Père dans la lumière de l’Esprit. Le Corps mystique nous unit à la Trinité dans l’amour. Le carême nous fait changer de milieu pour retrouver notre vrai lieu de vie.

  1. 2. Le Fils, Nouvelle Loi

Nous connaissons tous les 10 commandements (Exode 20, 1-17). Ils ont été un phare dans la nuit de l’évolution de la conscience humaine. Ils restent notre référence quant à la loi naturelle et bien des législations s’y réfèrent. Ils permettent de vivre ensemble et d’articuler droits de Dieu et droits de l’homme. Le Nouveau Testament fait un pas de plus en passant de la loi naturelle à la loi de grâce. L’amour est notre loi et notre référence ultime car  Dieu est amour et le Fils l’a porté et vécu jusqu’à la croix. Ainsi, Jésus le Christ est la Loi Nouvelle, celle qui conduit à Dieu et ouvre le Cœur du Père. Seul l’Esprit peut nous y porter en vérité.

Loi de grâce : la grâce a été donnée par la Résurrection du Christ. Le pardon obtenu et la justification accordée, la grâce nous donne Dieu lui-même. Que pouvions-nous espérer de plus sinon Dieu lui-même ? Adam voulait ravir la divinité en refusant d’être un homme limité et contingent. Le Christ donne la divinité en insufflant vie divine et énergie spirituelle à notre humanité limitée mais transfigurée. Dieu nous accorde ce qu’Adam voulait voler : la pleine et complète participation à sa vie. Et comme sa vie est trinitaire, relations d’amour entre les Personnes Divines, notre participation est aussi trinitaire. Nous entrons dans les relations éternelles entre le Père, le Fils et l’Esprit.

L’amour comme loi : l’amour est la raison de Dieu mais aussi son Être. Dieu est amour. Sa Loi désormais sourd de l’amour comme de son Être. Si les relations divines sont d’amour, nous relations doivent tirer leurs origines du même amour. L’amour en Dieu doit présider nos relations, avec lui et entre nous. C’est l’amour dans toute sa profondeur qui motive et anime la communauté chrétienne. L’amour divin et non le sentimentalisme ou l’émotivité. L’amour, don de soi et réception de soi. L’agapé divin !

  1. 3. Conclusion : Jésus, puissance et sagesse de Dieu.

Le carême est un bon temps pour changer. Non seulement changer de vie ou d’attitude mais changer de milieu de vie et de perspective : le Christ est notre Temple, lieu de rencontre entre Dieu et l’homme, milieu divin de communion et partage d’un amour éternel.

Le carême est un bon temps pour se convertir et revenir au Père par le Fils dans l’Esprit. Ce retour est participatif et communion. Notre référence ultime et définitive, c’est la Loi de grâce. Le Christ est la norme ultime de notre vie parce qu’il nous a plongés dans l’amour trinitaire et qu’ainsi, nous partageons ces mêmes relations éternelles. Faisons donc le ‘ménage’ intérieur et rejetons ce qui nous sépare encore de Lui !

P. Francis

 

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