RAMEAUX ET PASSION DU SEIGNEUR

« Béni, le règne qui vient ! »

(Mc 11, 1-10 ; Mc 14, 1- 15, 47)

Après un long temps de carême, nous voici aux portes de la Semaine Sainte. Nous nous sommes préparés à entrer dans le mystère du Christ qui se donne, qui souffre, meurt et ressuscite. La Semaine Sainte est la grande semaine, celle qui donne sens et consistance à notre foi chrétienne, à nos engagements, à notre morale, à notre vie communautaire et à notre spiritualité. Notre relation à Dieu le Père en dépend. Notre accueil de l’Esprit de Vérité en résulte. Notre amour du Fils en provient. Comment entrer dans cette Semaine sans y mettre tout l’amour dont nos cœurs sont capable ? Combien d’amour faut-il pour ne pas désespérer, chavirer dans le pessimisme ou renoncer à croire ? Combien faut-il d’humilité et de confiance pour suivre Jésus, supporter sa Passion, accepter sa mort et s’arrêter à son tombeau ? Quel amour dans l’attente insupportable du Samedi Saint où le silence transperce nos cœurs affligés ? Quelle joie au matin de Pâques quand les portes ouvertes du tombeau vide nous entraîne vers la Jérusalem céleste où le Père glorifie son Fils dans l’Esprit Saint ! La Semaine Sainte est la grande semaine trinitaire où tout l’amour de Dieu va se révéler et s’exposer, où l’amour atteint son sommet, où la communion des trois Personnes Divines se dévoile définitivement pour notre plus grand bonheur. Entrons donc avec humilité mais surtout avec un amour pur et confiant.

  1. 1. Le Roi de gloire

Ce dimanche est certainement un dimanche difficile liturgiquement et émotionnellement. Nous sommes heureux avec les habitants de Jérusalem recevant le Messie. Nous sombrons dans la nuit avec les disciples qui fuient à l’arrestation de Jésus. Nous entrons dans les ténèbres du cœur humain prêt à renier, à dénoncer, à tuer. Ici, la grâce et le péché se côtoient, comme dans notre vie quotidienne quand nous renonçons à la vie pour la mort, à la liberté pour l’esclavage, à la grâce pour la laideur. Cependant, avant d’entamer les jours de sa Passion, il était nécessaire de bien typer Jésus et de le reconnaître comme le Messie annoncé marchant vers son destin dans le but unique de sauver l’humanité et d’exprimer ainsi tout l’amour de Dieu son Père.

Jésus le Messie : il est important de reconnaître Jésus comme le Messie. C’est bien le Messie qui entre à Jérusalem et qui avance vers la Passion. Il ne s’agit pas d’un prophète quelconque ou même d’un leader religieux ou d’un maître spirituel. Il s’agit du Messie, fils de David, si longtemps annoncé et attendu et enfin proclamé devant tout le peuple. Jésus fait le lien avec la Révélation débutant avec Abraham, se poursuivant avec Moïse, se précisant avec les rois et les prophètes. Jésus est bien dans la continuité et répond aux attentes du peuple de Dieu et à la volonté de Dieu. Jésus sera donc le Messie crucifié.

Jésus l’Envoyé : il est important de reconnaître Jésus comme l’Envoyé de Dieu, le dernier des messagers et le plus imminent puisque Fils de Dieu par nature et incarné pour notre salut. Jésus vient de Dieu, non seulement par mission mais il vient du cœur de Dieu lui-même puisqu’il est le Fils. Le Messie est vraiment le Fils de Dieu, sa vie en sera témoin, sa mort en montrera toute la grandeur, sa Résurrection en sera la révélation définitive. On ne peut limiter Jésus à sa seule dimension historique car Jésus le Christ dépasse l’histoire et rejoint toute l’humanité dans sa longue permanence et son lien avec la Création. Jésus est l’Envoyé céleste, le messager divin, le Fils qui ouvre le cœur du Père.

Jésus le Roi : il est important de reconnaître Jésus comme le roi d’Israël, héritier et fils de David dont le règne n’aura pas de fin. Et si Jésus est le Fils de Dieu, sa royauté est divine et éternelle, elle dépasse l’entendement et nous inscrit dans le mystère de Dieu. La royauté terrestre symbolique  ouvre à la royauté céleste éternelle, celle qui parle de Dieu comme le Roi ou le Souverain. Jésus inaugure le royaume de Dieu sur terre par sa royauté temporaire et nous invite au banquet céleste où tout sera consumé. Jésus le Messie, Envoyé par Dieu, est le Roi de gloire dont le trône est la croix et le Royaume, la grâce divine. Sa Résurrection libère la puissance divine en nous y associant.

  1. 2. Le Roi crucifié.

Si Jésus est bien le Roi, le Messie, il est surtout en cette Semaine Sainte, le Crucifié. Et le Crucifié sera aussi le Ressuscité. On en peut briser le mystère pascal et nous concentrer uniquement sur la croix ou uniquement sur la Résurrection. Croix et Résurrection sont les deux pôles à tenir ensemble pour une compréhension équilibrée du mystère qui se déploie devant nous.

La Croix révèle l’humanité du Christ : à la croix, le Christ souffre et se donne. Il meurt. Cette souffrance et cette mort ne sont pas un jeu d’acteur ou un ‘faire semblant’. Jésus est vraiment homme. Il ne joue pas. Il se donne en vérité. Si la croix révèle l’humanité de Jésus, elle révèle aussi la possible perversité du cœur de l’homme éloigné de Dieu ou tombé dans la bassesse du péché. Le sang du Christ lavera l’humanité de son péché et la restaurera dans sa beauté.

La Résurrection révèle la divinité du Christ : au matin de Pâques, les disciples reconnaissent Jésus le Christ comme Fils de Dieu. Il est homme certes, la croix en a été la preuve mais il est Dieu et le Résurrection en déploie toute la grandeur et la vérité. Nier la Résurrection, c’est nier la divinité du Fils, c’est refuser la vérité chrétienne, c’est s’opposer à la Trinité, c’est  renier l’amour. Nous croyons à la divinité du Christ parce qu’il est ressuscité et qu’il se révèle définitivement comme le Fils. Cette filiation de nature pour le Christ nous est proposée comme adoption. Rétablis dans la beauté humaine par la Croix, nous devenons fils/filles du Père par la grâce pascale. C’est là notre vocation mais surtout notre identité nouvelle en Christ et possible par l’Esprit Saint. Adoptés par le Père et introduits dans les relations trinitaires par le Fils, nous vivons de l’Esprit, lien d’amour du Père et du Fils !

  1. 3. Conclusion : quand l’amour se dévoile !

Les Rameaux  rappellent l’entrée de Jésus à Jérusalem. Non seulement il entre dans la ville sainte mais il entre dans nos cœurs en attente d’amour et de grandeur. Jésus est le Messie, le Messager de Dieu et le Roi. Il fait le lien avec l’Histoire Sainte et l’accomplit. Il saura aller au-delà même des attentes en marchant vers la croix.

Les Rameaux rappellent la Passion du Messie et aussi les lumières de sa Résurrection. Le cœur de l’homme est malade et a besoin de guérison. C’est l’amour qui sera le baume céleste rétablissant les possibilités de relations vraies et saines entre Dieu et l’humanité. Non seulement nous sommes guéris par le sang du Christ mais nous sommes adoptés comme enfants du Père. Toute la grâce divine se déploie en ces Jours Saints où l’amour est la seule raison. Suivons donc le Christ et recevons la grâce filiale par lui, en lui et pour lui.

P. Francis

 

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