TRES SAINTE TRINITE

« Baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint Esprit »

(Matthieu 28, 16-20)

Nous voici à peine sortis des fêtes pascales que la liturgie nous entraîne dans de nouvelles solennités. La joie de la Résurrection se répand en nos cœurs et se reflète en nos vies. Toute l’Eglise se réjouit en son Seigneur et Maître, le Christ Jésus, qui par son Œuvre de salut, nous a donné d’avoir part à sa divinité et nous a introduits dans l’intimité du Père, son Père et notre Père, par la force et la grâce de l’Esprit Saint. La lumière de Pâques nous a donné connaissance et accès au mystère caché mais enfin révélé : Dieu est Un, Dieu est Trinité, Dieu est Amour. La foi chrétienne s’enracine dans la prédication et la vie du Christ mais aussi et surtout dans l’événement pascal qui est déclencheur et dynamiseur. Il a ouvert les portes du Ciel et nous a introduits à la présence divine pour une communion éternelle. Le ‘Dieu des Chrétiens’ est le Dieu véritable révélé par le Christ, reconnu Fils de Dieu en sa Résurrection, le Dieu qui partage sa divinité et nous entoure d’amour. Cet amour est transformant, purifiant, divinisant. Il nous reste à l’accueillir et à le contempler afin de le louer et de vivre en lui pour l’éternité dans le Royaume des Cieux qui n‘est autre que son Cœur trinitaire.

  1. 1. Le Dieu de Jésus-Christ.

Il arrive qu’on se pose la question de la foi du Christ. Jésus s’inscrit vraiment dans la continuité biblique. Il est héritier des avancées et déclarations de la première Alliance mais nous entraîne dans la nouveauté de son Alliance en son Sang. Il n’y a pas de doute que le Dieu d’Israël est le Dieu de Jésus-Christ : l’Alliance avec Abraham, l’Alliance du Sinaï, le Dieu des Prophètes et du petit peuple de Dieu, la Loi d’amour, le culte du cœur… tout est reçu par le Christ et transformé par lui pour les porter à leur plus haut niveau de vérité religieuse et de connaissance philosophique et intuitive. Il n’y a pas de rupture, il y a continuité mais une continuité éclairée par la lumière pascale et l’amour de l’Esprit Saint.

Le Dieu unique : Jésus s’adresse à Dieu comme au Dieu unique d’Israël, Créateur et Providence sainte de tout être créé. Il est dans la lignée du monothéisme pratique et théorique venant de l’Ancien Testament (Deut 4, 32 ss). Jésus ne ‘fréquente’ pas les dieux ou cultes païens. Il est même rude envers les païens, se concentrant sur les brebis perdus d’Israël avant de lancer sa mission universelle et ensuite d’envoyer les Apôtres sur les routes du monde. Israël a bien bénéficié de la Révélation et est porteur d’une vérité à partager désormais. Le Dieu unique est le Dieu qui aime et qui cherche la relation vraie et sincère, authentique et réciproque, dans la simplicité de l’amour.

Le Père de Jésus : Jésus s’adresse à Dieu comme à son Père. Il y a ici une nouveauté surprenante et émouvante. Ou Jésus est un fou furieux en plein délire mystique ou Jésus est le Fils authentique de Dieu, non selon la chair mais selon la nature ! Le choix s’impose après la Résurrection : ayant payé de sa vie ses ‘prétentions’ à être Fils de Dieu, Jésus meurt en s’offrant lui-même pour la rémission des péchés et la réconciliation spirituelle et ontologique puis il ressuscite comme le Fils reconnu du Père dans l’Esprit. Seule la foi en la Résurrection permet de faire le pas. Elle éclairera notre esprit et intelligence pour tenter de parler ‘rationnellement’ de la Trinité. Elle éclairera notre cœur amoureux qui s’enfouit dans l’intimité trinitaire sans ombrage ni embarde. Jésus a montré sa relation intime et précise avec Dieu son Père : qui aurait pu, au cours de l’histoire humaine, appeler Dieu « Abba » ?

L’Esprit de vérité : Jésus s’adresse à Dieu comme à l’Esprit qui vivifie et anime, sanctifie et purifie. L’Esprit, mentionné par Jésus, est Personne et Don du Père à l’humanité : il agit, parle, suscite. L’Esprit est le Souffle créateur, le Souffle révélateur, le Souffle sanctificateur. S’il a permis la création, il a permis la recréation en la Résurrection du Fils. Il a permis l’Incarnation du Divin dans notre chair limitée mais désormais divinisée. Il se donne à la Pentecôte et dirige les croyants dans l’Eglise, Corps du Christ et Peuple de Dieu. Il « fait de vous des fils ; poussés par cet Esprit, nous crions vers le Père en l’appelant ‘Abba !’ » (Rom 8, 14-17). Le Père de Jésus-Christ est notre Père. L’Esprit nous le garantit et nous pousse à la communion : la Trinité est notre milieu et notre destinée.

  1. 2. Notre Dieu et Seigneur.

Certains accusent les Chrétiens de polythéisme ou d’exagération. Ils auraient repris la doctrine des triades antiques ou auraient divinisé leur ‘héros’. Il est d’une opinion courante aujourd’hui que la divinisation du Jésus historique a été un processus religieux et politique pour encadrer les nouveaux croyants et ainsi les asservir. Jésus aurait prêché dans la lignée d’Israël, sans plus. Les disciples l’auraient ‘ressuscité et divinisé’ dans un désir aveugle de voir leur prophète vivant et vainqueur. Sincérité mais aveuglement ! L’Empereur Constantin aurait profité de ce mouvement et tiré à lui les avantages du dynamisme de la foi nouvelle ! Certes, nous ne pouvons adhérer à ces hypothèses tenaces, qui se disent scientifiques mais restent des opinions. Foi et raison s’unissent ici.

Le Seigneur ressuscité : la foi en la Résurrection est centrale. Elle irrigue toute la vie ecclésiale, sacramentelle et spirituelle. Jésus est ainsi reconnu comme Messie approuvé par Dieu et comme Fils du Très-Haut qui le consacre Seigneur de l’univers. Il ne s’agit pas d’une adoption mais de la reconnaissance de la nature divine du Christ. Fils de Dieu, il s’incarne, prend notre humanité et la retourne à Dieu. L’événement pascal a montré toute la beauté et le dynamisme de ce mouvement descendant et ascendant, d’acceptation et de sanctification, de transformation et de divinisation.

Notre Père : la foi en la Résurrection appelle Dieu ‘Père’. Elle irrigue notre relation filiale comme une source vive qui donne fraicheur et croissance. Non pas esclaves ou serviteurs mais fils et filles du Dieu de Jésus-Christ. La prétention de Jésus d’appeler Dieu son Père nous est transmise : il est ‘Notre Père’ sans aucun doute et avec toute la dynamique que cela suppose : créativité, charité, progrès, solidarité, curiosité, recherche…. Amour !

L’Esprit du Père et du Fils : la foi en la Résurrection suppose l’Esprit Saint. Non comme énergie quelconque ou opinion mais comme Personne, comme Acteur, Promoteur et Ami. Il est l’amour du Père et du Fils, unité de la Trinité, communion de la Trinité et des Elus. S’il est Souffle Divin, nous respirons par Lui. S’il est Feu, nous aimons en Lui. S’il est Tempête, nous tournoyons en Lui. S’il est Amour des Deux, nous communions aux Trois dans l’unité de leur nature divine.

  1. 3. Conclusion : Dieu est amour.

La foi en la Trinité est une conséquence logique de la foi en la Résurrection. Le Christ est le Fils de Dieu et nous entraîne vers le Père. Unis à son Corps Mystique, nous entrons dans une relation filiale dynamique et amoureuse, par l’Esprit Saint.

La foi en la Trinité est la foi en l’amour. Dieu est amour (1 Jean 4) et donc il est communion. Il se communique à nos cœurs  assoiffés. La Trinité, c’est donc l’amour donné et partagé.

P. Francis

 

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