SAINT SACREMENT

« Prenez… »

(Marc 14, 12-16. 22-26)

Notre approche habituelle du christianisme se fait par le culte et la messe en particulier. Elle est le lieu de nos prières et de nos dévotions, de nos espérances et de nos attentes, de nos joies et de nos peines. Bien des catholiques ne connaissent leur religion qu’à travers la messe. Ils s’y attardent comme un lieu de vraie rencontre du Christ ou comme un lieu de nostalgie ou d’interrogation. Quel est le mystère célébré ? Pourquoi y-t-il des restrictions ? Qu’est-ce qu’on y fait ? La Messe, le Saint Sacrifice, la Communion, l’Eucharistie, l’Assemblée dominicale, la Fraction du Pain… autant de noms pour exprimer la richesse de ce moment unique et émouvant, de cet instant où le Ciel s’ouvre et où la Terre se trouve divinisée, de cette communion enfin possible entre le Divin et l’Humain qui fait fi du temps, de l’espace, des différences assumées. L’Eucharistie, action de grâce par excellence de l’Eglise festive, est le culte officiel, définitif, unique de l’Eglise militante qui s’édifie dans l’amour et la communion. Jésus le Christ y est offert pour la plus grande gloire du Père dans l’Esprit Saint. A la fois Prêtre, Offrande et Autel, le Christ y est l’acteur principal et nous y associe intimement comme son Corps mystique participant de la vie trinitaire.

  1. 1. Le Pain de vie et la Coupe du salut.

L’institution de l’Eucharistie est rapportée par les 3 Evangiles synoptiques (Matthieu, Marc et Luc) comme un moment central de la vie de Jésus et de l’existence de la communauté naissance. Jean ne la rapporte pas mais en développe la théologie dans le long discours de Jésus sur le Pain de vie (Jn 6). Il en rapproche le lavement des pieds (Jn 13) comme service de la communauté. Le culte, si essentiel soit-il pour l’existence de l’Eglise, ne dispense pas du service des pauvres et des petits. Culte dans l’amour et charité des frères vont de pair. Il reste que la Fraction du Pain est le signe extérieur et intérieur de la foi chrétienne et le signe de reconnaissance des Catholiques du monde entier. Divers et différents, regroupés en rites et Eglises locales, nous formons l’unique Eglise du Christ qui s’offre avec lui sur l’autel pour la plus grande gloire du Père dans l’Esprit d’amour. Au cœur de l’Eucharistie, nous nous reconnaissons et communions, nous grandissons et exultons, nous partageons et donnons. Pas de plus grand amour que de donner sa vie comme le Christ : la messe en est le symbole le plus clair.

Le Christ, unique Médiateur : depuis sa Résurrection, Jésus est l’unique Médiateur entre Dieu et les hommes (Hébreux 9, 11-15). Il est l’intermédiaire qui a accès au Père pour nous défendre et nous représenter. Il est l’unique voie pour accéder au Père et l’unique voix en notre faveur. Avocat, il est Parole de vie et Lumière pour les Croyants. La voie des prophètes s’est tue : l’Esprit est le Souffle du Christ qui parle en notre nom et qui prie en nous.

Le Christ, unique Prêtre : depuis sa Résurrection, le Christ est l’unique Prêtre de la Nouvelle Alliance en son sang. Le prêtre biblique est un sacrificateur et un intermédiaire, interprétant la Loi et représentant le Peuple. Ce rôle est assumé désormais par le Christ seul. Le sacerdoce lui appartient : il se tient près de Dieu et offre le sacrifice, c’est-à-dire lui-même pour le salut du monde. Ce sacerdoce est partagé avec tous les baptisés (‘sacerdoce commun’ qui donne accès au culte du Nouveau Testament) et avec certains baptisés choisis qui le représentent dans la communauté croyante (‘sacerdoce ministériel’ dont bénéficient les ministres ordonnés, épiscopes et presbytres). De fait, le terme grec ‘prêtre’ (ereus ou archiereus) n’est attribué qu’au Christ dans le N. Testament.

Le Christ, unique Offrande agréée : depuis sa Résurrection, le Christ est l’offrande agréée par le Père. Il s’offre lui-même, sa vie et son sang, pour le pardon des péchés, la communion et la bénédiction. Les sacrifices anciens d’animaux ou de végétaux sont caducs. L’unique sacrifice du Christ aura suffi pour nous redonner l’amitié de Dieu et faire de nous ses fils/filles à la suite du Fils unique.

L’Eucharistie met en jeu tout cela : elle nous concentre sur le Christ comme Officiant et sur le Père comme Sujet d’adoration. L’Esprit Saint permet cette merveille et nous y associe volontiers.

  1. 2. Eucharistie, sacrement de l’amour donné

De fait, nous partageons le mystère de la mort et de la Résurrection du Christ dans l’Eucharistie. Nous ne sommes pas de simples spectateurs éberlués par le mystère qui s’opère mais des acteurs par notre union avec le Christ (Corps mystique et donc Offrants), par notre identité nouvelle (filiation adoptive et donc aptes à nous adresser à Dieu comme à notre Père) et par le don de l’Esprit (Temple de l’Esprit, nous sommes le lieu de culte privilégié de la rencontre).

L’Eucharistie fait l’Eglise : par ce mystère de communion, nous recevons grâce et bénédiction. L’Eglise se bâtit et s’élève par l’Eucharistie, elle rejoint son Fondateur et Tête, elle est emportée dans l’élan d’amour qui irradie de l’adoration nouvelle en Christ. Sans elle, l’Eglise perd sa substance et son énergie, son identité et sa force, sa charité et son esprit d’adoration. En elle, l’Eglise resplendit comme une lampe sur le boisseau, comme une ville sur la montagne, comme un feu qui embrase les cœurs. L’Eucharistie est l’unique et vrai culte offert à la Sainte Trinité !

L’Eglise fait l’Eucharistie : par ce mystère de communion, l’Eglise se découvre elle-même et se tourne vers son Seigneur. Elle agit au nom du Christ, ‘in persona Christi’, et se reçoit de lui. Elle fait pour devenir. Elle célèbre ce qu’elle est. Elle reçoit ce qu’elle est en vérité, le Corps du Christ ressuscité. L’Eglise reçoit le Corps eucharistique du Christ uniquement parce qu’elle est ce même Corps.  Le sacerdoce ne s’exerce qu’en son nom, qu’en communion avec l’unique Prêtre, que dans l’amour de la Trinité Sainte. Ainsi, la communion n’est possible que si nous sommes en communion par une vie chrétienne et filiale conséquente et véridique.

  1. 3. Conclusion : le déploiement de vie filiale

A la messe, nous sommes nous-mêmes : les fils et filles du Père, unis au Christ dans l’Esprit Saint. Nous nous unissons à l’offrande du Fils en nous offrant nous-mêmes et en participant à la rédemption et à la sanctification du monde. Notre messe est toujours une ‘messe sur le monde’, même célébrée dans le secret ou dans l’endroit le plus banal. L’amour n’a pas de frontière ni d’espace limité.

A la messe, Dieu est adoré et loué pour Lui-même : le Fils s’offre selon la volonté du Père. Le Père reçoit par le Cœur du Fils. L’Esprit unit le Père et le Fils dans l’éternelle louange qui emporte les fils et filles dans l’amour. L’amour se déploie et se partage. Il est pur don et pure réception.

Que notre vie soit donc le lieu du culte véritable : perpétuel va-et-vient de l’amour trinitaire!

Bonne fête de la communion d’amour en la Sainte Trinité.

P. Francis

 

This entry was posted in Année B, Français, Père Francis, Temps Ordinaire II. Bookmark the permalink.