ORDINAIRE 19 B

« Celui-là seul a vu le Père »

(Jean 6, 41-51)

Jésus a à peine multiplié les pains et les 2 poissons qu’il doit se retirer. En effet, la foule a vu en lui ‘un bon parti’, un futur roi qui donnera la nourriture gratuitement. Elle s’est concentrée sur ses pouvoirs et non sur son message. Il faudra toute la pédagogie de Jésus pour passer du miracle matériel au signe spirituel. Jésus, par ses miracles, nous entraîne vers le cœur de son message et de sa mission et ce cœur, c’est d’annoncer les œuvres du Père à travers lui dans l’Esprit Saint. Le passage du visible à l’invisible est difficile mais nécessaire si nous voulons trouver du sens et la raison de notre vie. De l’humain au divin, à travers notre humanité appelée à la communion trinitaire. Bien loin de renier qui nous sommes, ce ‘qui nous sommes’ s’éclaire au prisme des signes de Jésus et de l’amour du Père. L’humanité se découvre aimée et voulue, elle entre dans la filiation par la communion. Nous sommes pourtant encore en chemin. A travers les vicissitudes de l’histoire et de notre histoire personnelle, nous nous acheminons vers l’éternité, vers le cœur de Dieu, vers l’amour trinitaire grâce ‘au pain  vivant’ qu’est le Christ Lui-même, vraie nourriture et dynamisme spirituel.

  1. 1. En chemin vers l’éternité.

Il est important de nous rappeler sans cesse que l’annonce évangélique est une annonce de bonheur et de communion, vécue dans la paix et l’adoration. La mort et la Résurrection du Christ l’ont révélé Fils de Dieu (Kérygme) et nous partageons par les Sacrements cette joie pascale dans l’Eglise, Corps du Christ et Temple de l’Esprit. L’Esprit est celui qui anime et fortifie les baptisés mais aussi le monde, pour l’élever à l’amour du Père. Notre route terrestre est une route qui mène à la Vie éternelle et au Bonheur en Dieu. N’ayons crainte donc de vivre notre vie et de goûter à la joie de l’Esprit.

Chemin fait d’embuches : nous ne sommes ni saints ni parfaits et nous trimons sur le chemin de la vie. Les saints et les parfaits ont vécu ces mêmes difficultés avec l’espérance et la confiance en plus. Il nous arrive de nous décourager ou de perdre confiance. Bien des faiblesses nous limitent et nos limites nous rendent encore plus faibles. Ces difficultés, intérieures ou extérieures, peuvent nous anéantir mais peuvent être aussi l’occasion de nous en remettre au Père. Voyons Elie en marche vers l’Horeb (1 Rois 19). Il a toutes les raisons d’être décourager et de se plaindre. Sa marche sera une purification et sur la montagne, une rencontre. Le Seigneur le renverra à sa réalité, accompagnée de sa force et de son amour. Il en sera de même pour nous !

Chemin épineux : bien des obstacles nous détournent du vrai chemin : une société déchristianisée et relativiste, une invitation constante à la consommation et à l’avoir, une mentalité païenne et superstitieuse, une morale élastique et adaptée… Si on ajoute nos propres tensions, tendances, pressions, blessures… le tableau est complet ! On pourrait s’enfouir dans le malheur ou s’enfuir dans l’illusion. Voyez St Paul exhortant les Ephésiens à ‘imiter Dieu’ et à ‘vivre dans l’amour comme le Christ’ (Eph 4, 30 – 5, 2). Il a toutes  les raisons de se décourager des chimères communautaires et des tensions internes. Sa marche vers le martyre est une purification et une rencontre avec son Bien-aimé. C’est l’Esprit qui agit et, à travers nos faiblesses, qui donne la vie et la grâce. Il en est de même pour nous !

Chemin joyeux : peut-être oublions-nous que notre chemin est une marche vers l’éternité, faite de confiance et de contemplation. Ne trouvons-nous pas nos forces dans l’adoration ? Ne refaisons-nous pas nos forces dans la célébration eucharistique, la confession et l’amour du Père ? Le Christ ne nous a-t-il pas promis l’Esprit de Vérité ? Au fond de notre être, dans le secret de notre cœur, il y a une Présence aimante qui nous redit sans cesse son amour et qui nous entoure de tendresse. Voyons Jésus, qui au cœur de sa Passion et de son agonie, trouve les forces de redire toute sa confiance au Père et qui meurt en donnant l’Esprit. Il ressuscitera pour la plus grande gloire du Père et de l’Esprit, lui, le Fils bien-aimé !

En chemin dans notre vie, nous entreprenons le chemin vers la Vie : les signes de Jésus, les yeux contemplant l’invisible, le cœur en adoration, les mains ouvertes, la communion eucharistique, la grâce de la Résurrection…. autant de bontés nous menant vers l’éternité !

  1. 2. En chemin vers le Cœur de la Sainte Trinité

Jésus se proclame le « vrai pain venant du Ciel ». Difficile à admettre pour ses contemporains soucieux des Ecritures et orgueilleux des signes donnés à Moïse. Et pourtant, il est temps de faire un pas de plus : le pas de la Révélation, le pas spirituel. La Révélation nous annonce la nouveauté en Christ et la plénitude de la divinité à notre portée. La vie spirituelle est désormais la foi en l’Envoyé et le partage de sa vie divine, par la Parole et le Pain. Ainsi, notre chemin vers la vie éternelle est un chemin vers le Cœur du Dieu d’amour.

« Jésus, fils de Joseph », est le Fils de Dieu : dans l’humanité de Jésus se trouve la plénitude de la divinité. Le Jésus de l’histoire est le Fils de Dieu, sujet de notre foi et de notre adoration. Il est le Chemin vers le Ciel et le Ciel, le Royaume, le Paradis, c’est le Cœur de Dieu, révélé Trinité. Il aura fallu toute la lumière de la Résurrection pour accueillir cette vérité, surprenante et dynamique, pour comprendre le Dieu de communion et surtout, pour se savoir reçu par Lui et en Lui.

Jésus, l’Envoyé, est le Pain  de vie : notre humanité est bénie et sanctifiée en Christ. Son Incarnation nous a révélée toute la dignité de l’humain et sa Résurrection, toute la dignité de notre vocation filiale. Si le chemin vers le Père est laborieux, parfois pénible, il y a le Fils qui se donne en nourriture et l’Esprit qui nous entoure de miséricorde et de tendresse. Le Fils ne nous a pas laissés seuls : il est avec nous sur le chemin de la vie menant à la Vie, il nous donne l’Esprit comme force et guide à travers les méandres de notre personne aimée.

Jésus, « celui-là seul a vu le Père » : qui craindre ou quoi craindre avec un tel Rédempteur ? Venant de Dieu, il est expression du Père et l’Icône de son amour. Croire en lui, c’est découvrir la bonté du Père. L’aimer, c’est recevoir l’amour du Père. L’adorer, c’est percer le Cœur du Père. S’en nourrir, c’est goûter le Paradis et entrer dans l’éternité.

  1. 3. Conclusion : le pain des anges

Jésus est le chemin : à travers les hauts et les bas de notre vie terrestre, nous découvrons un appel à aller de l’avant dans la confiance. Notre humanité, loin de nous éloigner de Dieu, est au contraire le seul chemin qui y mène, si nous nous ouvrons aux forces de l’Esprit.

Jésus est le chemin : non seulement il nous accompagne et nous nourrit de sa vie, mais il est la Vie et la Lumière. Le suivre, c’est  atteindre le Père et vivre de l’Esprit, c’est aimer en la Trinité.

P. Francis

 

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