ORDINAIRE 20 B

« Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle »

(Jean 6, 51-58)

Ce chapitre 6 de l’Evangile de St Jean occupe plusieurs dimanches. Sa réflexion et sa profondeur sont telles qu’il nous faut du temps pour pénétrer le mystère et accueillir la joie de la Présence divine en Jésus-Christ et par Jésus-Christ. La multiplication des pains a été un prétexte pour amener les disciples et la foule à regarder avec les yeux du cœur et de la foi. Les signes de Dieu sont visibles à celui qui croit et à celui qui aime. Jésus est, en définitive, le signe suprême et définitif de l’amour du Père car il vient de Dieu pour se donner et tout retourner à Dieu. Sa mort et sa Résurrection consacreront cet aspect en l’illustrant et en le partageant. Il se fait ainsi vraie nourriture sur nos chemins chaotiques et vraie lumière pour nos consciences élastiques et peureuses. S’il la parole du Christ a choqué ses contemporains, elle choque notre raison et notre approche ‘scientifique’, elle choque les non-croyants et bouleverse les chercheurs de Dieu et de Vérité. Elle choque mais pénètre les profondeurs de l’âme assoiffée de vérité et de beauté, de communion et de lumière. Il faut toute la puissance de l’Esprit pour nous amener à accueillir, adorer et recevoir ce Pain de vie, Jésus le Christ, Fils du Très-Haut et notre frère. En lui, le Ciel est ouvert et par lui, la communion est possible. Les bras du Père accueillent son Fils et avec lui, nous-tous, son Corps mystique. La communion eucharistique est une action de grâce perpétuelle et une entrée dans le mystère trinitaire, communion des Personnes Divines, notre Paradis, notre Maison.

  1. 1. Eucharistie : vraie et unique nourriture.

On l’a vu, le Christ se présente comme la vraie nourriture. Manger son corps et boire son sang sont source d’éternité et de bonheur. Peut-être cette affirmation de Jésus nous heurte-elle mais elle a été source de joie et de créativité depuis 2000 ans, signe d’espérance et de présence, provocation à l’adoration et à l’authenticité. L’Eglise, depuis ce ‘Dernier Repas’ ou cette ‘Première Fois’ n’a plus cessé de louer, adorer et partager ce trésor, l’unique véritable Trésor qu’elle conserve jalousement et transmet fièrement d’une génération à l’autre.

Jésus, origine et fin de notre vie : si Jésus peut ‘prétendre’ à nous nourrir ou à combler nos aspirations et nos désirs, c’est parce qu’il est le Fils de Dieu. S’il n’est pas le Fils de Dieu, c’est un psychopathe et un mégalomane à enfermer immédiatement. La Résurrection, cependant, a été le déclencheur et à éclairer les Apôtres et les futurs disciples du Seigneur. Elle a mis en lumière la vérité de ses paroles mais aussi la profondeur de la relation, par lui, avec le Père dans l’Esprit Saint. En lui et par lui, tout est créé. En lui et par lui, tout est recréé. En lui et par lui, tout est consacré et offert au Père. L’Esprit vient purifier et sanctifier du dedans. Nos aspirations à l’au-delà, à la transcendance, à la vérité, à l’éternité… sont assumées par le Fils et élevées par l’Esprit jusqu’à la sphère divine où le Père accueille et transforme. Seul le Christ peut répondre à cet élan vital en nous !

Jésus, Parole éternelle du Père : si Jésus est vraiment le Fils, il est la Parole éternelle de Dieu. Sagesse divine et Verbe de Dieu, il exprime l’amour du Père et la vérité de son Cœur. Sa Parole est révélation, c’est-à-dire qu’elle dévoile le mystère de  Dieu et donne ‘à voir’ le divin. Ainsi, elle indique un Dieu d’amour, communion, Trinité. Cette Parole est efficace et performante. Elle nourrit l’esprit en attende du vrai et du vraisemblable. Elle touche la raison et l’intelligence en attente de réponse et de lumière. Elle atteint le cœur en attente d’amour et de tendresse. Seul le Christ peut répondre à cette soif de vie, d’amour et de bonheur inscrite en nous !

Jésus, amour de nos vies : si le Fils est vraiment le Verbe de Dieu et qu’il vient attendrir notre personne humaine dans toutes ses attentes, alors il ne peut être qu’objet d’amour et sujet de notre cœur. La soif d’amour est inscrite dans nos pores et nous n’avons de cesse de chercher à aimer et à être aimés. L’amour véritable passe par le Fils qui se donne en vérité et comble nos désirs. Cet amour sera vécu ensuite dans le mariage ou le célibat consacré. Il exprimera toute la grandeur de notre humanité et toute la beauté de notre Dieu, Amour trinitaire qui s’engage avec nous et touche le tréfonds du cœur et de l’être. Préparés par la création et comblés par la Résurrection (nouvelle création), nous voici happés, librement et amoureusement, par les relations éternelles entre le Père, le Fils et l’Esprit. Seul Jésus peut donner et rendre cet amour immense qui nous envahit !

C’est donc l’Eucharistie qui est signe de tout cela et qui nourrit notre foi et notre personne. Jésus se donne en nourriture pour combler les cœurs  en attente, sanctifier les corps en tension, apaiser les esprits inquiets et préparer la rencontre définitive dont nous avons un avant-goût ici-bas dans la sainte communion. Cette communion atteint jusqu’au noyau de nos cellules et nous divinise en vérité dans l’amour. C’est l’amour qui ainsi éclate en nous !

  1. 2. Eucharistie : vraie et unique action de grâce.

On comprend mieux que l’Eucharistie soit une action de grâce, un moment de bonheur, un élan filial, une plongée dans l’éternité, un partage de la vie trinitaire. On comprend pourquoi l’Eglise l’entoure de soins et approfondit ses rites et leur accès. On comprend pourquoi nous rayonnons de joie après la communion ou nous périssons quand elle ne nous est pas possible. Elle reflète notre amour et notre identité filiale. Elle ouvre le Ciel qui touche alors la Terre dans une unité pleine et béatifiante.

Le Christ rend grâce : Jésus exprime toute sa reconnaissance et son amour envers le Père. Il s’offre en victime agréable à Dieu et reçoit ainsi, ressuscité, la couronne du Victorieux. Il entraîne toute la Création dans cette louange et la sanctifie. L’action de grâce du Fils est relayée par l’Esprit qui consacre et sanctifie, par ce Pain et ce Vin consacrés, l’humanité et tout l’univers.

Nous rendons grâce : entraînés par cet élan d’amour et de reconnaissance, nous nous offrons avec le Christ et partageons sa victoire. Nous sommes vivifiés et nous nous recevons du Père comme fils et filles afin de partager sa vie divine et goûter à l’amour trinitaire. Ainsi, toute notre vie est adoration, louange, action de grâce dans l’amour. Ce pain et ce vin, devenus par la force de l’Esprit Corps et Sang du Ressuscité, nous élèvent vers le Père et nous unissent à la Trinité Sainte. Quel mystère impressionnant et formidable ! Quel miracle permanent dans nos églises ! Quelle tendresse du Dieu qui se donne et se fait proche afin de nous emporter en Lui !

  1. 3. Conclusion : remplis de l’Esprit d’amour

Jésus le Christ est vraie nourriture : il le peut car Fils de Dieu et expression de l’être du Père. Lui seul peut combler tous les élans de l’âme et du corps, toutes les aspirations humaines.

Jésus est action de grâce : sa vie, son être, sa personne… ne sont qu’action de grâce envers son Père et notre Père. Il s’offre et se reçoit et sauve ainsi l’humanité. Nous sommes associés à ce mouvement d’amour. Nourris de son Corps ressuscité et abreuvés de son Sang sacré, nous chantons nous-aussi.

 

P. Francis

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