AVENT 1 C

« Restez éveillés et priez en tout temps »

(Luc 21, 25-28. 34-36)

Une nouvelle année liturgique commence aujourd’hui. Nous allons parcourir les grands mystères du salut qui animent notre vie et donnent sens à notre existence. En effet, la venue du Christ dans notre chair (Noël), sa vie de prédication dans l’amour (temps ordinaire), sa montée pascale (Carême, Passion, Croix) et sa glorification (Résurrection, temps pascal) nous préparent à vivre en enfants de lumière en la présence de l’Esprit et dans la communion de la Trinité. En Eglise, nous cheminons et nous nous avançons vers la pleine réalisation de notre identité humaine et filiale. Le Royaume est là parmi nous mais se réalisera définitivement au temps du retour attendu du Christ dans la Gloire. Noël fête la venue du Fils dans notre humanité, la Parousie (retour du Christ à la fin des temps) célèbre la venue du Christ et son Règle d’amour. La boucle est bouclée : histoire et avenir se rencontrent, temps et éternité se confondent, humanité et Dieu communient en Christ et en nous. L’Avent est un temps d’attente et de joyeuse espérance. C’est l’avant de la fête de la naissance du Fils, Jésus Christ, c’est le moment de reconsidérer notre vie et de la rendre plus chrétienne, c’est-à-dire plus filiale, plus en harmonie avec l’amour et la grâce. Des figures nous accompagneront : Jean le Baptiste, Marie, Elisabeth… Des personnes bien de chez nous pour nous plonger dans le vrai chez-nous, le cœur du Père, enflammé d’amour par le Fils dans la joie de l’Esprit.

  1. 1. Un Avent d’attente

Le premier dimanche de l’Avent nous présente la venue du Christ à la fin des temps. Intéressante proposition de la liturgie qui ne détache pas l’histoire et la gloire. Si dans l’histoire le Fils s’est manifesté en prenant notre condition, dans la gloire il reviendra pour établir son Règne. Il est le victorieux, malgré les apparences de l’échec, grâce à son obéissance et à sa Résurrection. Il est proclamé Roi de l’Univers et Seigneur des Mondes. Agneau immolé, il monte sur le Trône divin en y plaçant tous ses disciples, « purifiés par le sang le l’Agneau ». Ainsi, au cœur de nos vies, la gloire et la grâce ! Dans nos existences routinières et parfois monotones, les germes de l’éternité ! Dans nos cœurs, les traces de l’amour trinitaire jusqu’à leur plein épanouissement. L’amour seul nous les fait reconnaître.

Attente de la vie : la mort nous tiraille et nous effraye. Le Fils, en prenant notre condition mortelle, l’assume et l’affronte. Alors que nous voulions ravir la gloire divine (Genèse 1), elle nous est proposée gratuitement, amoureusement, généreusement. Alors que la mort devait être un sommeil de juste préparant à la rencontre, elle nous éloigne de notre vocation. Le Christ va l’apprivoiser, violemment certes mais brillamment. Il nous procure la vie en abondance : par son Incarnation prodigieuse, par sa vie silencieuse, par sa mort  mystérieuse, par sa Résurrection glorieuse. Il nous reste à accueillir l’Esprit du Père et du Fils et à vivre dans la paix et la reconnaissance. La vie éternelle est déjà commencée.

Attente de la joie : la souffrance nous tenaille et nous effraye. Le Fils a assumé cette réalité et l’a transformée. Il met la joie au cœur de la vie et de l’existence : joie de vivre et d’aimer, joie de croire et d’espérer, joie d’être tout simplement. Mystérieux christianisme, suivant son Seigneur, qui sait être joyeux profondément dans les situations extrêmes et limites ! Malgré la douleur et le mal, la joie est donnée, celle de rejoindre le Seigneur et de communier à son éternité. Non pas ersatz de bonheur mais profond lien existentiel et vital avec le Créateur, le Sauveur et le Sanctificateur, avec la Trinité Sainte, Une et Indivisible. Il nous reste à accueillir le bonheur à la vue de la Crèche et de la présence divine dans notre monde.

Attente de la communion : la solitude nous tiraille et nous effraye. On se sent seul dans cet univers si grand et si complexe, dans ce monde si diversifié et violent, sur cette terre si fragile et si limitée. La responsabilité nous submerge et nous répugne. Le Fils a donné sens à la Création, existence aux créatures, salut à l’humanité, éternité au temps. Regarder en avant, en tenant compte du passé et de la situation présente, mais aller de l’avant pour rejoindre Celui qui tend les bras et qui redit son amour. Nous ne sommes pas destinés à la perdition ou à la confusion ou à ‘abandon. Nous sommes attendus par un Cœur aimant et généreux, dans une communion véritable qui respecte les partenaires mais qui les unit pour toujours. Il nous reste à accueillir la vérité de la communion et à y croire pour y plonger et en goûter pour toujours.

« Veillez et priez » dit Jésus car en effet le temps est proche. Il est déjà là. C’est déjà possible. Le temps nous introduit dans l’éternité. L’éternité use du temps pour nous y préparer.

  1. 2. Un Avent de joie.

L’attente du Christ est joyeuse. La liturgie nous prépare à la rencontre définitive car elle est déjà rencontre avec le Mystère qui se laisse toucher par les Sacrements. Le « Germe de justice » venant de la souche de David (Jérémie 33, 14-16) est entré dans le monde, les prophéties sont accomplies. Le Messie est venu. Notre histoire en est témoin. L’humanité en est bénie. Les 4 semaines nous conduisant à Noël sont une joyeuse attente de Celui qui renouvelle et qui sanctifie pour mieux nous relier au divin.

Joie de la naissance : oui, Noël est une commémoration historique mais aussi spirituelle. Historique car Jésus est le Messie, le Christ attendu, le Fils de Dieu. Spirituelle, car le Fils est éternité, ouverture sur l’infini, détenteur des mystères divins. Sa naissance dans le temps nous plonge dans l’éternité de Dieu. Elle ouvre le Ciel à l’impossible, à la rencontre, à la communion trinitaire. Fêtons alors la naissance du Christ comme notre naissance en Dieu.

Joie de la renaissance : oui, Noël est notre propre naissance. Nous naissons à la vie, à la joie, à l’éternité. Piètres décorations de Noël qui disent si peu la lumière divine qui se manifeste mais joyeuses décorations de Noël qui tentent de nous introduire dans la lumière du cœur. Nous sommes nés avec le Christ car son Incarnation est communion de l’humain et du divin, car sa Personne est chemin de communion avec le Père, car son Esprit est le lien d’amour des Personnes Divines, car l’amour est au cœur de la vie.

  1. 3. Conclusion : une sainteté fondée dans l’amour.

Fêtons joyeusement la naissance du Fils : notre monde en est transformé.

Fêtons joyeusement la venue en gloire du Fils : notre monde en est transfiguré.

Fêtons une naissance historique qui est notre naissance à la communion trinitaire par une sainteté véritable dans un amour vrai et éternel.  Bon Avent et bonne préparation.

P. Francis

 

This entry was posted in Année C, Français, Saison de l'Avent. Bookmark the permalink.