PAQUES 3 C

« C’est le Seigneur ! »

(Jean 21, 1-19)

Le Christ est ressuscité. Il est vraiment ressuscité.

Nous sommes chrétiens par la Résurrection du Christ. La mort en croix a été un drame mais la Résurrection a transformé cet échec, cette humiliation, ce moment dramatique en victoire, en source de salut, en gloire. La croix n’est plus un instrument de torture mais un signe de salut et pardon, le signe de l’amour du Père, le trône du Fils, le don de l’Esprit. Alors que tout semblait perdu et que l’avenir sombrait dans les ténèbres, Dieu a renversé la situation et, de signe d’ignominie, la croix devient signe de victoire. C’est la lumière de Pâques qui éclaire la croix et du coup, toute la vie de Jésus et même la volonté de Dieu exprimée dans l’Histoire du salut. Cet éclairage nouveau est essentiel pour comprendre, discerner, valoriser et pénétrer la vérité de Dieu et de l’humanité. Nous baignons donc dans cette atmosphère pascale qui vient teinter toute notre vie et dynamiser nos relations aux autres, au monde et à Dieu. La Résurrection est la source de toute inspiration et de toute relation. Elle est force de salut mais aussi force intérieure qui emporte vers la lumière et l’amour, qui porte au cœur de la Trinité même. Désormais, c’est notre amour qui est le signe de la Présence réelle du Dieu d’amour, communication et communion, Trinité Sainte.

  1. 1. Le Seigneur dans la communauté

Alors que la Résurrection éclaire toute notre vie spirituelle mais aussi notre vie personnelle, sociale et relationnelle, il est vrai qu’on se demande comment elle peut se concrétiser, comment elle pénètre le monde et les cœurs, comment elle se reflète en nous. Nous vivons de la vie du Ressuscité. Parce que baptisés et confirmés dans la mort et Résurrection du Christ, nourris par sa Chair, nous ne pouvons nous séparer de lui. Il est le centre de notre existence. Sa Résurrection n’est pas une réanimation ou le réveil d’un homme endormi. Elle est un événement cosmique et spirituel qui emporte le matériel, l’histoire et le temps dans la Présence divine. Tout est assumé, emporté, présenté à Dieu comme don. Tout est transformé, transfiguré et sanctifié par l’Esprit. Cet événement spirituel est aussi historique car le Christ Fils de dieu est aussi le Jésus de l’histoire. Désormais, nous sommes témoins de cet événement, nous sommes les témoins de Pâques, enfants de lumière, hommes et femmes nouveaux, héritiers des promesses, participants de la communion trinitaire.

La communauté des témoins : on pourrait s’en tenir à une théorie ou à un haut niveau spirituel en affirmant la Résurrection. Il n’en est pas ainsi. Cette réalité nouvelle est à annoncer, à proclamer, à partager. La vie nouvelle est pour tous : pour la création qui se recrée en Christ, pour l’humanité qui renait en Lui, pour l’univers qui se transforme en Lui. Le Ciel et la Terre ne forment qu’un comme le Père et le fils ne font qu’un dans l’Esprit Saint. Sans renoncer aux différences, conditions de l’authentique unité, nous proclamons l’unité fondamentale qui régit l’univers, qui préside à l’humanité, qui se vit en Dieu même. Notre vie communautaire, ecclésiale, chrétienne reflète cette unité dans le respect des différences et la joie de l’amour. La Trinité Sainte est notre modèle !

La communauté des frères et sœurs : on pourrait s’en tenir à une théorisation ou à une illusion quant à la possibilité d’une authentique fraternité. L’histoire nous en montre bien la difficulté mais le genre humain est unique, créé de la même matière, répondant aux mêmes lois naturelles, aspirant aux mêmes valeurs enracinées en son cœur. La fraternité n’est pas une utopie mais demande le respect du singulier pour accueillir le commun. La Résurrection a fait de nous des frères et sœurs dans l’unique filiation adoptive. Si nous accueillons cette filiation véritable, nous entrons dans un mouvement de fraternité qui fait de chaque homme, chaque femme, un frère/une sœur à aimer et respecter. Notre vie ecclésiale fraternelle dans l’amour est le reflet de notre conviction intérieure et du dynamisme de l’Esprit. Vie chrétienne signifie vie fraternelle. Le Christ est notre modèle !

La communauté en communion : on pourrait s’en tenir à une conviction sans concrétisation dans le réel ou le quotidien. Il est vrai qu’on a mis souvent en avant la loi, le droit, l’institution, l’organisation, les structures. Il n’en reste pas moins vrai que la communion est la vraie nature de l’Église. L’Église est d’abord communion dans la vérité des relations. Elle vit de l’Esprit du Ressuscité et se meut sous l’action de l’Esprit Saint pour répondre à sa vocation universelle de Sacrement du Christ. Si nous avons besoin de structures, c’est pour soutenir la mission primordiale et témoigner de « l’Agneau immolé » (Ap 5, 11-14). L’Esprit Saint est notre modèle.

  1. 2. Le Seigneur par l’amour

La Résurrection est une réalité qui nous emporte dans le cœur de la Trinité mais aussi une vérité qui alimente notre quotidien. Quotidien spirituel car tout est différent maintenant mais aussi quotidien bien concret fait de choix personnels et sociaux. Saurons-nous mettre l’amour au cœur de la vie, de la société dans ses composantes économiques et politiques ? Le « M’aimes-tu ? » de Jésus adressé à Pierre nous va droit au cœur.

L’amour-agapé comme source de vie : Jésus ne demande pas à Pierre s’il l’aime comme un copain, un ami ou même un membre de sa famille. Il lui demande un amour total et englobant, l’amour qui donne sa vie jusqu’au sang, l’amour qui vient de Dieu. Ce même amour divin est celui qui nous est proposé dans le quotidien comme aussi dans notre relation au Père. L’amour est Dieu. Il se déverse en nous par la Résurrection du Christ et nous transforme par l’Esprit pour la gloire du Père.

L’amour agapé comme source de choix : Jésus ne demande pas à Pierre une heure par jour ou par semaine, il lui demande de se blottir en lui, de s’en remettre entre ses mains, de tout donner par amour. Notre choix fondamental est percutant et vibrant, il désigne l’authenticité de l’amour, même s’il demande du temps à se révéler. Le « M’aimes-tu ?» de Jésus retentit dans nos cœurs à chaque instant comme un appel à plus, à la vérité, à la vie. Cet amour rejoint l’amour de la Trinité. Il résonne en nous comme il résonne dans l’univers. L’amour au cœur de Dieu et au cœur de l’humanité !

  1. 3. Conclusion : le don de soi.

La Résurrection est un événement : historique car il concerne le Jésus de l’histoire et l’humanité, spirituel car il propulse le Christ dans la Présence divine, théologique car il révèle Jésus comme le Fils de Dieu, cosmique car il transforme l’univers par l’Esprit Saint, trinitaire car il révèle le cœur de la Trinité immanente,  christique car il ouvre à la communion éternelle. Dieu est amour !

La Résurrection est exprimée par la vie communautaire : personnellement, nous vivons du dynamisme pascal mais ensemble, nous déployons tout le dynamisme trinitaire.  Les choix ecclésiaux comme les choix sociaux devraient être les signes de la vérité, de la vie et de la lumière du Ressuscité. Nous sommes, nous chrétiens, les témoins de cela par l’authenticité de l’amour vécu et donné.

P. Francis

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